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Transports

Airbus : entre Le Maire et l'administration Trump, les discussions sont «tendues»

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- - AFP

Les réunions entre le ministre français des Finances et l'administration Trump à Washington ont été « tendues » à propos des menaces contre Airbus et la taxe sur les géants du numérique.

« C'était constructif, franc, mais difficile et tendu aussi ». Voilà le ressenti de Bruno Le Maire après sa rencontre avec le représentant américain au commerce (USTR), Robert Lighthizer, et le conseiller économique de la Maison Blanche Larry Kudlow. Objectif de cette rencontre : apaiser le climat entre la France et les Etats-Unis. En effet, ces derniers ont réagi avec vigueur au vote par l'Assemblée nationale de la taxe sur les géants du numérique qui doit faire de la France un des pays pionniers en la matière.

L'administration Trump a par ailleurs menacé de nouveaux tarifs douaniers contre l'Union européenne si celle-ci ne met pas fin aux subventions à Airbus.

Toujours est-il qu'après cette réunion, la « situation reste compliquée ». Bruno Le Maire avait auparavant rencontré son homologue américain, Steven Mnuchin, dans une ambiance plus détendue. En se rendant à Washington, le ministre avait annoncé son intention d'expliquer à l'administration américaine que l'Europe ne se laisserait pas faire sur Airbus.

« Nous devons éviter d'en venir là »

« Si nous devions à nouveau être touchés par des sanctions américaines injustifiées et injustifiables, l'Europe se tiendrait prête à riposter de manière unie et forte », a affirmé le ministre lors d'une conférence de presse. Selon plusieurs sources européennes vendredi, l'UE rendra publique mercredi une liste de produits américains susceptibles d'être taxés à hauteur de 20 milliards d'euros. Mais il reviendra à un arbitre désigné par l'OMC de déterminer « le montant des droits de rétorsion », qui sera moins important que ces 20 milliards, ont-elles expliqué.

« A l'origine, en 2012, à la fin de la phase initiale des différends, l'UE avait demandé à l'OMC d'autoriser 12 milliards de dollars (10,6 milliards d'euros) en contre-mesures », a expliqué une source à la Commission. « Tout cela serait mauvais pour la croissance et mauvais pour la prospérité américaine et européenne », a prévenu Bruno Le Maire à Washington.

« Nous devons éviter d'en venir là », a-t-il insisté. « Sur la base des conclusions de l'OMC, il me semble que la voix de la sagesse, c'est de trouver un accord à l'amiable entre les États-Unis et l'Europe sur un règlement définitif du cas Airbus/Boeing », a-t-il ajouté, relevant que le dossier durait depuis bien trop longtemps. Bruno Le Maire avait déjà plaidé mardi pour une solution à l'amiable avec les États-Unis. « S'engager dans une guerre commerciale entre les États-Unis et l'Europe ne servira qu'un seul pays: la Chine et (le constructeur aéronautique chinois) Comac », a prévenu le ministre, qui devait aussi rencontrer Jerome Powell, le président de la Fed.