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Transports

Airbus va supprimer 15.000 emplois dont 5.000 en France

Face à un trafic aérien en chute libre, l'avionneur européen taille durement dans le vif. Bercy juge "excessif" le chiffre des suppressions d'emplois.

Le plan social est sanglant: Airbus va supprimer 14.931 emplois dans le monde dont 5.000 en France (3.488 dans la branche avions commerciaux et 1.464 chez Stelia Aerospace), soit le haut de la fourchette des chiffres qui circulaient récemment. 

Le groupe qui emploie environ 90.000 personnes dans sa division d'avions commerciaux (qui sera la seule touchée) "entend adapter ses effectifs mondiaux à la crise du Covid-19" d'ici l'été 2021 et "redimensionner son activité dans l’aviation commerciale", déclare l'avionneur européen dans un communiqué.

"Les mesures prises jusqu'à présent par la société nous ont permis d'absorber le choc initial de cette pandémie. Nous devons maintenant assurer la durabilité de l'entreprise et garantir notre capacité à émerger de la crise en leader global du secteur aérospatial, tout en nous adaptant aux défis immenses que rencontrent nos clients", explique Guillaume Faury, patron d'Airbus, se disant "déterminé à limiter l'impact social de cette adaptation".

Le groupe souligne qu'il "n'exclut pas à ce stade des mesures forcées mais travaillera avec ses partenaires sociaux pour limiter l'impact de ce plan en s'appuyant sur toutes les mesures sociales disponibles y compris les départs volontaires, les mesures de retraite anticipée, ainsi que le chômage partiel de longue durée pour les activités qui s'y prêtent".

5.100 postes seront supprimés en Allemagne, 1.700 au Royaume-Uni, 900 en Espagne et 1.300 dans les autres pays où le groupe est présent.

Le trafic aérien ne reviendra à la normale pas avant 2023 selon Airbus

"Le processus d'information et de consultation avec les partenaires sociaux a débuté en vue de conclure des accords dont la mise en oeuvre débutera à l'automne 2020", ajoute le groupe.

Airbus a plusieurs fois préparé le terrain. Il y a encore une semaine, dans une lettre adressée aux près de 140.000 salariés du groupe Guillaume Fauryprévenait: le niveau de trafic aérien de 2019 ne sera pas retrouvé au niveau mondial avant 2023 "au mieux", "voire 2025".

Traduction: il faut s'attendre à une "réduction significative du format de notre entreprise. Après des décennies de croissance ininterrompue, c'est une véritable épreuve. Elle nous contraint à des décisions amères", ajoute M. Faury dans sa lettre qui évoque aussi le besoin de "courage" face à "des décisions difficiles".

Et il y a quelques jours, l'avionneur européen prévenait qu'il allait réduire sa production de 40% dans les deux ans à venir. 

Bercy juge le chiffre "excessif"

Pour autant, le gouvernement juge ce mardi soir que le chiffre annoncé "est excessif" et appelle à réduire au maximum les départs contraints".

"Nous attendons d'Airbus qu'il utilise pleinement les instruments mis en place par le gouvernement pour réduire le nombre de suppressions d'emplois", et qu'il limite "au maximum les départs contraints", a précisé Bercy dans une déclaration transmise à l'AFP.

Sur BFM Business ce mardi, Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances prévenait d'ailleurs l'avionneur. "Sur l'aéronautique, nous avons pris nos responsabilités, nous avons pris un plan aéronautique qui permet l'accompagnement du chômage de longue durée partiel, avec un financement de la R&D absolument énorme puisque nous multiplions par quatre ce financement".

"Cela permet de sauver des emplois. Donc, moi ce que je demande à Guillaume Faury d'utiliser tous les leviers de ce plan pour éviter, limiter au maximum les suppressions d'emplois" poursuit-elle.

OC avec AFP