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Alcatel-Lucent, la descente aux enfers

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La direction d’Alcatel Lucent vient d’annoncer un nouveau plan social qui devrait se traduire par la suppression de 10 000 emplois. Arnaud Montebourg a pris position contre ce plan en déclarant qu’il est excessif.

L’entreprise a été créée en 2006 par la fusion du Français Alcatel et de l’Américain Lucent. En 2006, l’ensemble comptait 90 000 employés, alors qu’en 1990, Alcatel tout seul comptait 200 000 salariés. En fait l’entreprise a été victime à la fin des années 90 de l’éclatement de la bulle internet.

En 2001, son PDG, Serge Tchuruk a déclaré dans un colloque qu’il était en train de construire l’entreprise sans usine. Son idée est que la fabrication matérielle des objets et notamment des téléphones allait être robotisée et installée dans les pays émergents. En Europe resteraient les centres de recherche et les lieux de décision. D’ailleurs en 2006, sur les 90 000 salariés il y avait 26 000 ingénieurs. Et pourtant, le projet « Tchuruk » n’a pas marché puisqu’ Alcatel perd ses effectifs –il n’y a plus que 8300 salariés de ce groupe en France- et des parts de marché.

Tchuruk avait tort

En fait assez étrangement , malgré les cris poussés à l’époque, il avait largement raison : on a intérêt à automatiser le plus possible la production et à chercher à se montrer le plus inventif possible en gardant une main d’œuvre de haut niveau. Il a été un bon théoricien de l’entreprise de demain mais un mauvais réalisateur.

Il a affirmé sa confiance dans le progrès technique mais il s’est trompé parce qu’il n’y a vu qu’un moyen de réduire les coûts salariaux et non pas un moyen de devancer et de répondre aux attentes du consommateur. Le secteur des téléphones est extrêmement chahuté : on le voit avec la déroute présente du Finlandais Nokia et du Canadien Blackberry. Il faut donc avoir un temps d’avance et réfléchir à ce qui se vendra et non pas réfléchir au moyen de se défaire de ses ouvriers.

Est-ce particulier au secteur des télécommunications ?

En ce moment, c’est clairement un secteur qui bouge sans cesse. Mais tout secteur d’activité obéit à la même logique : les dirigeants qui utilisent le progrès technique et les innovations pour réduire les coûts gagnent du temps mais finissent par être rattrapés par l’évolution des attentes des consommateurs. Ceux qui gagnent la partie, ce ne sont pas ceux qui enchaînent les plans sociaux même si c’est pour introduire des machines plus performantes, ce sont ceux qui inventent l’Iphone et les produits de demain.

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Jean-Marc Daniel