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Alimentation: la grande distribution n'a plus le droit de casser les prix

Une majoration de 10% du seuil de revente à perte sur les denrées alimentaires sera expérimentée pendant deux ans.

Une majoration de 10% du seuil de revente à perte sur les denrées alimentaires sera expérimentée pendant deux ans. - Thomas Samson / AFP

Les députés ont autorisé vendredi le gouvernement à encadrer par ordonnance les promotions dans la grande distribution. Ils ont aussi relevé de 10% le seuil de revente à perte sur les denrées alimentaires et ce à titre expérimental.

L'Assemblée nationale a autorisé vendredi le gouvernement à encadrer par ordonnance les promotions dans la grande distribution et relever le seuil de revente à perte, après un débat passionné sur le "pari" d'un bénéfice pour les agriculteurs et le "risque" pour le pouvoir d'achat.

L'article 9 du projet de loi agriculture, adopté à main levée après quelque 3 heures de débat, vise à permettre, dans le cadre d'une expérimentation de deux ans, une majoration de 10% du seuil de revente à perte sur les denrées alimentaires (qui interdit de vendre tout produit en dessous du prix auquel il a été acheté au fournisseur). 

Un "pari" gagnant pour les agriculteurs?

Il prévoit aussi un encadrement des promotions excessives. Si l'encadrement des promotions pour en finir "avec la spirale inflationniste" a fait relativement consensus, des députés de droite comme de gauche ont mis en exergue le "pari" que la hausse du seuil de revente à perte (SRP) soit gagnante pour les agriculteurs.

"On garantit de manière certaine la marge de la grande distribution", a notamment observé le chef de file des élus LR et ancien agriculteur et responsable syndical agricole Christian Jacob, "sceptique sur l'assurance que le ruissellement va aller jusqu'au producteur".

"Nous cherchons tout bonnement à rééquilibrer les marges", a affirmé le ministre Stéphane Travert, et "faire le pari que ces marges retrouvées dans la grande distribution ne généreront pas de surcoût pour les consommateurs, mais retourneront vers les agriculteurs et les industries de l'agroalimentaire".

"Cette guerre des prix n'avait que trop duré"

Ce "marcheur" de la Manche (ex-PS) a fait valoir que les acteurs de la distribution s'étaient engagés en ce sens dans le cadre des Etats généraux de l'alimentation (EGA), "chacun ayant dit la main sur le cœur que cette guerre des prix n'avait que trop duré".

Le ministre a évoqué "une revalorisation des prix de l'ordre de 0,7%", ce qui correspond à environ "deux euros par mois" pour les ménages, estimant que les consommateurs ont la capacité à "payer parfois un tout petit peu plus cher" des produits dont ils savent qu'ils vont "rémunérer leur territoire", donc les agriculteurs.

J.-C.C. avec AFP