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Alstom annonce le rachat des activités ferroviaires de Bombardier

Le montant de l'opération sera compris entre 5,8 et 6,2 milliards de dollars. De quoi créer le numéro deux mondial dans le secteur devant le géant chinois CRRC.

C'est donc officiel. Alstom va racheter Bombardier Transport, division spécialisée dans le ferroviaire.

Le constructeur ferroviaire français a ainsi annoncé lundi avoir signé un protocole d'accord avec Bombardier et la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) pour racheter 100% de Bombardier Transport, branche ferroviaire du conglomérat canadien, pour un prix compris entre 5,8 et 6,2 milliards d'euros en cash et en actions. De quoi créer le numéro deux mondial dans le secteur devant le géant chinois CRRC.

400 millions de synergies, 15 milliards de chiffre d'affaires

Il pèsera en effet un chiffre d'affaires cumulé de plus de 15 milliards d'euros, avec un carnet de commandes de plus de 75 milliards. Alstom, qui procédera à deux augmentations de capital pour financer la transaction, table sur 400 millions d'euros de synergies annuelles aux environs de la quatrième ou cinquième année après sa conclusion. Et de préciser qu'il n'y pas de menace pour l'emploi à terme.

"Cette acquisition renforcera notre présence internationale ainsi que notre capacité à répondre à la demande toujours plus importante de solutions de mobilité durable. Bombardier Transport apportera à Alstom une complémentarité géographique et industrielle sur des marchés en croissance, ainsi que des plateformes technologiques additionnelles", a commenté le PDG d'Alstom Henri Poupart-Lafarge, cité dans le communiqué.

La CDPQ, qui détient actuellement 32,5% de Bombardier Transport, doit devenir au terme de l'opération le premier actionnaire d'Alstom avec environ 18% du capital, a indiqué le groupe français dans un communiqué. Bouygues, premier actionnaire d'Alstom avant l'annonce de cette opération, verra donc sa participation baisser avec un peu moins de 10%.

Défendre le projet à Bruxelles

Après l'échec du rapprochement des activités ferroviaires d'Alstom et de l'allemand Siemens, porté par la France mais rejeté par la Commission européenne en février 2019, le gouvernement français misait toujours sur la nécessité d'une consolidation dans le secteur afin de peser face au rouleau compresseur chinois incarné par China Railway Rolling Stock Corporation et ses 28 milliards d'euros de chiffre d'affaires qui commence à remporter des marchés en Europe. 

Rappelons que Bombardier Transport, dont le siège est à Berlin, emploie plus de 40.000 personnes dans 27 pays, pour une grande partie en Europe où se trouvent la plupart de ses usines, notamment à Derby (Angleterre), Mannheim (Allemagne) ou encore Crespin dans le Nord, non loin d'un site d'Alstom.

Bruno Le Maire, le ministre de l'économie s'entretiendra avec Margarethe Vestager, vice-présidente de la Commission européenne mardi pour défendre cette opération car elle devra obtenir le feu vert des régulateurs.

Excellente nouvelle pour Bruno Le Maire

"Je m'entretiendrai demain mardi 18 février avec Margrethe Vestager, vice-présidente de la Commission européenne, sur ce projet d'acquisition qui devra être soumis par Alstom à l'approbation des autorités de la concurrence", a réagi le ministre dans un communiqué. Mais contrairement au dossier Siemens, Bruxelles pourrait avoir une posture plus souple notamment parce que la nouvelle Commission plaide désormais pour la constitution de champions industriels européens. Alstom met également en avant des obstacles concurrentiels plus faciles à lever que dans le projet avec Siemens.

Reste que si l'opération est rejetée par Bruxelles, Alstom devra verser 75 millions d'euros à Bombardier.

Pour le gouvernement, l'officialisation de l'opération constitue "une excellente nouvelle pour la France, pour l'Europe et la Canada". "Ce rapprochement permettra à Alstom de préparer l'avenir, dans un contexte de concurrence internationale de plus en plus intense", a-t-il assuré. 

"Le gouvernement veillera à ce que cette opération soit créatrice de valeur pour l'industrie française et européenne ainsi que pour les sous-traitants", ajoute le ministre.

Du côté de Bombardier, cet argent frais doit permettre de surmonter d'importantes difficultés, notamment une dette qui s'élevait fin 2019 à 9,3 milliards de dollars. "Nous sommes convaincus que la vente de nos activités de transport sur rail à Alstom est la bonne chose à faire pour toutes les parties prenantes", a indiqué le patron de Bombardier Alain Bellemare, dans un communiqué séparé. 

OC avec AFP