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Alstom entraine GE dans sa chute

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General Electric s’avoue incapable de redresser la branche énergie d’Alstom et préfère la scinder en deux

General Electric n’en finit plus de se restructurer depuis deux ans, et vient d’admettre qu’elle ne maitrisait plus les pertes de sa branche énergie, l’ancienne Alstom Power. Les pertes sont considérables et GE les chiffre à plus de 10 milliards de dollars à l’occasion de la publication des résultats du 3ème trimestre. La division énergie ne parvient pas à se remettre de la chute des prix de l'électricité de gros, de l'effondrement des commandes de turbines, qu'elle n'a pas su anticiper, et des surcapacités dues à une augmentation du nombre de fermetures de centrales thermiques et du développement des énergies renouvelables (solaire et éolien).

Les difficultés se sont aggravées mi-septembre quand le groupe a confirmé des problèmes d'oxydation sur sa nouvelle génération de turbines, pourtant censée lui permettre de mieux braver la concurrence. Les réparations ont coûté 240 millions de dollars au troisième trimestre et le coût sera similaire au quatrième, avance l'entreprise.

Pour repartir de l'avant, GE va scinder la division énergie en deux: Une première unité réunira les turbines à gaz et les services gaziers et une autre regroupera les générateurs à vapeur et électriques entre autres. Il est clair pour les experts du secteur que l’un de ces deux divisions est destinée à être vendue. Le PDG Larry Culp, 55 ans, en poste depuis le 1er octobre, s’est en effet donné comme priorité de réduire au plus vite une dette de 115 milliards de dollars. Dette, et c’est le paradoxe, en partie créée par Alstom qui reste à ce jour la plus grosse acquisition de l’histoire de General Electric

Quelles conséquences sur l'emploi en France ?

Le groupe veut également faire des économies en supprimant le siège de la division, où les problèmes persistent. Au troisième trimestre, les commandes ont par exemple chuté de 18%, les revenus de 33%, tandis que la perte opérationnelle est de 631 millions de dollars, contre un bénéfice de 464 millions il y a un an. Quelles seront les conséquences sur l’emploi en France ? Pas d’indication à ce stade, 7.000 personnes travaillent encore pour la branche énergie, les engagements pris par l’entreprise américaine pour le maintien de l’emploi sur quatre ans seront bientôt levés et les syndicats ne cachent pas leurs craintes de coupes importantes dans les effectifs.

GE pourra avancer qu’il n’a pas le choix, et qu’il a déjà sacrifié le dividende, c'est d’ailleurs seulement la troisième fois depuis la Grande dépression de 1929 que General Electric, qui a distribué plus de 150 milliards de dollars de dividendes depuis 2000, réduit la rémunération de ses actionnaires.

"GE doit changer", a déclaré Larry Culp lors d'une conférence téléphonique, ajoutant qu'il "est devenu clair que nous devons simplifier l'énergie". Premier PDG choisi en externe, il s'est fait un nom en relançant le conglomérat américain Danaher, qu'il a dirigé pendant 14 ans, de 2001 à 2014. Il sait qu’il est sur un siège éjectable, son prédécesseur, John Flannery, ayant été limogé après seulement 14 mois après une cure d'austérité, 20 milliards de dollars de cessions d'actifs, et des milliers de suppressions d'emplois à travers le monde. GE prévoit d’ailleurs également de donner son indépendance à la division santé et de vendre sa participation de 62,5% dans le groupe de services pétroliers Baker Hughes.

« C’est clairement la survie du conglomérat en tant que tel qui est en jeu » disait sur BFMbusiness le patron de Meeschaert Financial Services à New-York, Grégori Volokhine, la survie d’un temple de l’industrie américaine