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Alstom-GE: "le gouvernement ne peut pas forcer un mariage, mais il peut éviter un divorce."

L'Eta, sans être actionnaire, a le pouvoir d'influer sur le destin d'Alstom, selon Juliette Méadel, secrétaire du PS à l'industrie.

L'Eta, sans être actionnaire, a le pouvoir d'influer sur le destin d'Alstom, selon Juliette Méadel, secrétaire du PS à l'industrie. - -

Juliette Méadel, la secrétaire nationale du PS à l'industrie a décrypté la position du gouvernement sur le dossier de l'adossement d'Alstom à un autre industriel, ce 27 avril sur BFM Business.

Alstom, l'icône de l'industrie française, a reçu jeudi une offre de rachat partiel de l'Américain General Electric. Le lendemain, c'est l'Allemand Siemens qui annonçait être candidat à un rapprochement avec le français. Un dossier dans lequel l'Etat, informé sur le tard, s'implique à raison, explique Juliette Méadel, secrétaire nationale du PS à l'industrie, sur BFM Business ce 27 avril.

"L'Etat n'a plus juridiquement les moyens de peser puisqu'il n'est plus actionnaire d'Alstom", a-t-elle reconnu. Mais "avoir deux propositions en concurrence lui permet de pousser pour le respect de nos objectifs que sont l'emploi, la relocalisation, la protection de nos intérêts stratégiques, et la préparation d'une Europe de l'énergie et des transports".

Patrick Kron, qui aurait préparé ce partenariat avec GE dans le secret, fait-il obstacle à Siemens? "Il y a des histoires personnelles, des histoires de groupe, des histoires industrielles". Mais "il faut qu'il y ait un large débat sur cette transaction, elle ne relève pas seulement de l'intérêt de quelques-uns".

Le gouvernement a le pouvoir de bloquer GE

Le patron d'Alstom aurait ainsi fait peu de cas de l'appétit de l'Allemand pour son groupe, or "le droit boursier prévoit que quand une offre concurrente apparaît, le vendeur doit donner toutes les informations nécessaires à l'autre candidat", pointe-t-elle.

En tout cas, le droit permet au gouvernement d'interférer, rappelle Juliette Méadel: "le décret de 2005, adopté au moment de l'affaire Arcelor Mittal, prévoit que l'on puisse soumettre à autorisation préalable de l'Etat des investissements étrangers dans des secteurs stratégiques. On est dans ce cas".

Ainsi "le gouvernement ne peut pas forcer un mariage, mais il peut éviter un divorce. Il peut bloquer GE s'il porte atteinte à nos intérêts stratégiques". Et selon elle, "la France a intérêt à avoir un géant européen des transports et de l'énergie. Non pas par patriotisme économique rétrograde et conservateur, mais parce que si on veut peser à l'échelle de la mondialisation, il faut le faire dans un cadre européen".

Quid d'une entrée de l'Etat au capital? "Je ne sais pas s'il serait possible et envisageable. Mais ce n'est plus le seul levier pour agir. Nos finances publiques ne permettent pas de régler tous les problèmes de compétitivité industrielle en rachetant des parts. Et de toute façon, l'Etat ne serait pas majoritaire".

N.G.