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Alstom: Hollande rappelle à General Electric et Siemens que l'Etat "a son mot à dire"

François Hollande a repris la main dans le dossier Alstom.

François Hollande a repris la main dans le dossier Alstom. - -

Le président de la République a reçu, ce lundi 28 avril, les dirigeants des deux entreprises lorgnant les activités énergie du groupe français. Entre deux rendez-vous, il a affirmé que l'Etat "a son mot à dire" non pas parce qu'il "commande" la société tricolore mais parce qu'"il commande à" Alstom.

François Hollande a pris la main dans le dossier Alstom. Le chef de l'Etat a reçu, ce lundi 28 avril, les dirigeants de General Electric et Siemens, deux entreprises qui lorgnent le rachat des activités énergie d'Alstom, entreprise jugée stratégique par l'exécutif.

Entre les deux rendez-vous, le président de la République a, lors d'un discours à la maison de la Chimie, justifié l'intervention de l'Etat dans ce dossier.

"L'Etat a forcément son mot à dire. Pourquoi? Parce qu'il est celui qui commande, non pas l'entreprise mais à l'entreprise un certain nombre d'achats, dans des secteurs tout à fait stratégique, notamment l'énergie", a-t-il fait valoir.

"Tous ceux qui ont une offre à présenter vont vers l'Etat, pour qu'elle puisse être améliorée dans le sens de l'emploi en France et de localisation des activités en France. Je n'ai que ce seul critère dans ce dossier: qu'est-ce qui sera favorable à la localisation d'activités en France et l'emploi en France, et qu'est-ce qui assure l'indépendance énergétique en France?", a-t-il développé.

Siemens devrait formuler son offre mardi

Il faut croire que le chef de l'Etat a, au moins dans le discours, convaincu ses visiteurs. A la sortie de son entrevue avec le président de la République, le patron de General Electric, Jeffrey Immelt, n'a pas fait de déclaration.

Mais quelques instants plus tard, cité dans un communiqué, il a affirmé avoir eu "un dialogue ouvert, amical et constructif" avec François Hollande. "Nous avons entendu et nous comprenons le point de vue [de François Hollande, ndlr] et nous sommes engagés à travailler ensemble, ajoute-t-il.

Siemens avait, elle, déjà donné certains gages à l'exécutif, promettant d'apporter sa filiale de train à grande à vitesse, ICE, à Alstom, de garantir l'emploi et de loger en France le siège des activités "centrale à vapeur".

Ce lundi, Joe Kaeser, le PDG de Siemens n'a pas fait de déclaration à l'issue de son entretien avec le président de la République. Mais le groupe a fait savoir qu'il va décider "dès que possible" s'il formule une offre de rachat. Jusqu'ici, le groupe allemand avait manifesté son intérêt sans faire d'offre formelle. Selon plusieurs agences, un conseil de surveillance se tiendra mardi 29 avril chez Siemens dans ce but. A cette occasion, le groupe allemand devrait officiellement présenter cette offre.

Les exigences de l'Elysée

Pour les deux entreprises tout reste encore à faire. Selon Le Monde, l'Elysée aurait des exigences précises pour chacune des deux sociétés. Pour General Electric, Paris souhaiterait que le groupe américain mette en Bourse ses activités énergies, une fois l'acquisition auprès d'Alstom finalisée. Le but serait de permettre aux investisseurs français de prendre une part dans le nouvel ensemble.

Pour Siemens, l'Elysée voudrait que le groupe allemand apporte à Alstom non seulement son branche de train à grande vitesse ICE mais aussi ses activités de fabrication de métros et de tramways.

De son côté, le conseil d'administration d'Alstom a décidé de s'accorder du temps, et ne se prononcera pas avant mercredi matin. Voir plus tard encore. "L'Etat estime qu'Alstom doit disposer du temps nécessaire pour examiner toutes les offres" a ainsi indiqué une source proche du dossier à plusieurs agences.

Julien Marion