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Altice: Drahi poursuit son rêve américain

Patrick Drahi rachète Cablevision.

Patrick Drahi rachète Cablevision. - Miguel Medina - AFP

Patrick Drahi met 17,7 milliards de dollars pour racheter Cablevision. Il s'agit du quatrième câblo-opérateur américain.

L'appétit d'Altice n'a pas de limite. Après le rachat de Suddenlink en mai, le groupe européen rachète pour 17,7 milliards de dollars, dette comprise, le quatrième câblo-opérateur américain Cablevision. Cela confirme les ambitions du milliardaire franco-israélien Patrick Drahi aux Etats-Unis.

Les deux dirigeants du groupe européen, Patrick Drahi et Dexter Goei (directeur général) participent jeudi à une grand-messe des télécoms à New York.

L'annonce plait aux marchés. L'action Altice bondit de 10% à l'ouverture. 

34,90 dollars par action

Patrick Drahi, troisième fortune de France, a fusionné à vive allure câble et télécoms en Europe en endettant sa société via des montages financiers s'apparentant à des LBO (leverage buy-out). Altice est un géant européen des télécoms et des médias, avec un portefeuille s'étendant notamment de Numericable-SFR, NextRadioTV, Libération et L'Express en France à Portugal Telecom en passant par la chaîne d'informations i24news en Israël.

Pour racheter Cablevision, Patrick Drahi, 52 ans, propose aux actionnaires 34,90 dollars par action, soit plus de 6 dollars de plus comparé à la clôture du titre mercredi soir à Wall Street. Et se propose de reprendre la dette de l'entreprise.

Fondé en 1973, ce groupe familial va donner à Altice accès au lucratif marché new-yorkais du câble. Sous sa marque Optimum, le câblo-opérateur est présent dans la ville de New York, le New Jersey (est), le Connecticut (est) et dans une partie de la Pennsylvanie (est). L'an dernier, il a réalisé un chiffre d'affaires de 6,46 milliards de dollars pour un bénéfice net de 465 millions. Le groupe, dont le siège est basé dans l'Etat de New York, employait plus de 15.000 personnes en fin 2014.

Générer la moitié de ses revenus aux Etats-Unis

Altice s'est fixée pour objectif de générer la moitié de ses revenus aux Etats-Unis à terme, contre 15% prévus d'ici la fin de l'année. Ce qui sous-entend que le groupe n'en a pas fini avec ses emplettes d'autant plus que le numéro un américain du câble Comcast a les mains liées du fait de sa taille et les deux autres mastodontes Charter/Time Warner sont en train de fusionner. La liste des cibles américaines du magnat comprend, selon des sources bancaires, Verizon Communications FiOS, les activités du câble et de cuivre de l'opérateur télécoms Verizon qui sont évaluées à environ 34 milliards de dollars par l'analyste Michael Rollins de Citigroup.

Patrick Drahi étudie aussi un rachat de Cox Communications ou Mediacom, selon ces mêmes sources. L'opérateur télécoms T-Mobile US, filiale américaine de Deutsche Telekom, en quête d'un acquéreur, l'a contacté mais il n'a pas donné suite dans l'immédiat, selon des sources proches du dossier. T-Mobile avait rejeté en 2014 les avances d'un autre milliardaire français, Xavier Niel.

Patrick Drahi entend répliquer aux Etats-Unis les recettes qui ont contribué à sa fulgurante ascension en Europe. Il exclut a priori d'engager une guerre des prix mais plutôt une guerre de la qualité des services à un moment où les consommateurs américains se désabonnent de plus en plus du câble, au profit de services de vidéo en ligne (streaming) comme Netflix, Hulu, Amazon Fire TV, Apple TV... aux prix souvent dérisoires comparés à ceux pratiqués par les câblo-opérateurs.

33 milliards d'euros de dette

Selon les observateurs, les consommateurs auront besoin dans les prochaines années d'une connexion de qualité au très haut débit fixe (via le wifi) pour les nouveaux services. A terme, Altice, créé en 2001 et employant 40.000 personnes, pourrait proposer des offres triple play (internet, mobile, télévision) ou quadruple play comme le fait depuis peu AT&T.

Seul hic dans son ascension, sa dette évaluée à environ 33 milliards d'euros et qui lui vaut les critiques du gouvernement français, lequel estime qu'un effondrement du groupe aurait des conséquences graves pour l'économie française. Le message semble être passé: Patrick Drahi a fait changer durant l'été la structure capitalistique d'Altice, ce qui lui permet de pouvoir financer des acquisitions via un échange d'actions ou une augmentation de capital sans craindre de perdre le contrôle de son groupe.

D. L. avec AFP