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Amazon, le fossoyeur de Virgin ?

Amazon livre une concurrence déloyale aux acteurs de la vente de biens culturels, selon Aurélie Filippetti

Amazon livre une concurrence déloyale aux acteurs de la vente de biens culturels, selon Aurélie Filippetti - -

Virgin en dépôt de bilan, la Fnac qui cherche à se réinventer…les distributeurs traditionnels de biens culturels sont mal en point. Et tous les regards accusateurs se tournent vers Amazon, qui affiche une croissance insolente.

L’agitation était à son comble ce mercredi 9 janvier devant le magasin Virgin Mégastore des Champs Elysées. Les salariés étaient mobilisés pour dénoncer leur sort : c’est en effet aujourd’hui que le groupe a déposé le bilan au tribunal de commerce de Paris. Sur les pancartes qu’ils brandissaient, ces employés mettaient en cause leur actionnaire principal, Butler Capital Partners, à qui ils reprochent une mauvaise gestion.

Cependant il ne peut être jugé responsable de toutes les difficultés que traverse le secteur de la distribution de biens culturels. Ainsi, le leader du secteur, la Fnac, n’échappe pas aux turbulences.

Amazon est mis sur le banc des accusés. Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture, n’a pas hésité ce mercredi matin, sur iTélé, à mettre en cause l'entreprise. Elle a expliqué que les magasins traditionnels "sont soumis à une véritable révolution et à une concurrence déloyale qui est le fait il faut bien le dire, de grandes entreprises de type Amazon".

Car le géant du e-commerce a choisi de s’installer au Luxembourg, afin de bénéficier d’une fiscalité avantageuse. Une stratégie qui lui a permis de déclarer seulement 110 millions de chiffre d’affaires, sur les 889 millions qu’il a effectivement réalisés en France. Et au final, il n’a versé que 3,3 millions d’impôts sur les bénéfices en 2011. D'ailleurs, le fisc français lui réclame près de 200 miillions d'euros d'arriérés d'impôts.

4 500 euros de subventions par emploi

Une situation d’inégalité fiscale que dénonce également Fleur Pellerin, la ministre déléguée chargée de l’économie numérique. Elle a annoncé qu’un rapport, rédigé par les fiscalistes Pierre Collin, conseiller d'Etat, et Nicolas Colin, inspecteur des finances, sera rendu au cours du mois de janvier. Il doit fournir des propositions pour mettre fin au contournement de la législation par les géants du net.

Mais si d’un côté le gouvernement reproche à Amazon ses choix fiscaux, de l’autre il lui adresse des louanges pour son action sur la création d’emplois. Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, est allé en personne inaugurer l’installation d’une troisième plateforme logistique en France, près de Chalons sur Saône, dans le département dont il est le président du Conseil général.

Pour les 500 emplois directs créés, le géant du e-commerce a reçu des aides de la région, du département, et de l’Etat pour un montant de près de 3 millions d’euros. D’autres subsides lui seront versés pour l’ouverture de son quatrième entrepôt à Lauwin-Planque, dans le Nord. Il devrait toucher environ 4 500 euros d’aides pour chacun des 2 500 emplois qui seront créés d’ici 2015. On a vu des exilés fiscaux plus sévèrement sanctionnés. 

Coralie Cathelinais