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Amazon, nouvelle star du festival de Cannes

The neon demon, un des cinq films financés par Amazon sélectionnés à Cannes

The neon demon, un des cinq films financés par Amazon sélectionnés à Cannes - The Jokers

"A peine un an après s'être lancé dans la production de films, le géant du commerce électronique se retrouve avec cinq films sélectionnés à Cannes. "

Il y a deux ans, lorsque Netflix était venu au festival de Cannes, cela s'était moyennement passé. Le directeur des contenus Ted Sarandos, intervenant au marché du film, avait été accusé de "détruire l'écosystème du cinéma" par un journaliste...

Cette année, son rival Amazon a été accueilli à bras ouverts. Jason Ropell, qui dirige l'activité cinéma dans le monde, a été invité à de nombreux débats, dont celui organisé dimanche 15 mai par le ministère français de la Culture. Surtout, pas de moins de cinq films financés par le géant du commerce électronique ont été retenus en sélection officielle: Café society de Woody Allen, Paterson et Gimme danger de Jim Jarmusch, The neon demon, de Nicolas Winding Refn, et Mademoiselle de Park Chan-wook. Soit plus qu'une major hollywoodienne... "Nous sommes incroyablement honorés et excités. Avoir cinq films à Cannes est incroyable, étant donné que notre studio n'existe que depuis un peu plus d'un an", a déclaré Jason Ropell au journal professionnel Screen International.

Brosser dans le sens du poil

L'explication est que le géant de Seattle brosse la filière dans le sens du poil. Il promet notamment de respecter la fameuse chronologie des médias. En clair, que les films qu'il finance sortiront d'abord en salles, avant d'être disponibles dans Prime Video, son service de vidéo-à-la-demande illimitée par abonnement. Aux Etats-Unis, il a promis que ses films resteront d'abord trois mois en salles, puis un mois en vidéo-à-la-demande à l'acte, avant d'arriver enfin sur Prime Video. "Nos films sortiront en salles, c'est très important. Nous ne voulons pas être disruptifs par principe", a expliqué Jason Ropell lors du colloque organisé par la rue de Valois.

Bref, une stratégie opposée à celle de Neflix, qui veut proposer ses films le même jour en salles et à ses abonnés. Absent cette année de Cannes, le californien avait toutefois été retenu l'an dernier au festival de Venise avec Beasts of no nation de Cary Joji Fukunaga. Et espère venir un jour sur la Croisette avec ses futurs films War machine de David Michôd, ou le prochain Bong Joon-ho.

Mieux: Amazon a confié son activité cinéma à des vétérans d'Hollywood spécialisés dans les films d'auteur, à commercer par Ted Hope, qui a déclaré au Hollywood reporter "rechercher des films visionnaires et ambitieux qui portent la marque d'un auteur". "Il n'y a pas de doute sur leur amour du cinéma. Amazon, et les gens chargés du cinéma à Amazon -ceux qui ont acheté les films de Woody Allen et Nicolas Winding Refn- sont des cinéphiles", a ajouté le délégué général du festival de Cannes, Thierry Frémaux.

Arrêter le bashing

Bref, le 7ème Art va peut être enfin arrêter de dénigrer les géants du Net. C'est en tous cas ce qu'a recommandé le nouveau directeur général d'Orange Studio David Kessler, lors d'un colloque organisé par la SACD. "C'est un nouvel élément de financement. Certains films d'OCS ont été achetés directement par Netflix. Amazon finance des films qui ne sont pas totalement formatés, ce qui est très positif. Certes, Netflix a évacué récemment beaucoup de films français de son offre". Mais, pour le patron de l'activité cinéma d'Orange, c'est la faute à la chronologie des médias française qui impose à Netflix de proposer un film trois ans après la sortie en salles: "avoir des films si tard est négatif. Il faudrait chercher un accord de façon à avoir plus de films [français] plus tôt".

Jamal Henni, à Cannes