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Culture loisirs

An I de François Hollande: un bilan culturel mitigé

Aurélie Filippetti lors du lancement de la mission Lescure

Aurélie Filippetti lors du lancement de la mission Lescure - -

Dans le domaine culturel, le candidat Hollande avait peu promis. Un an après, le président Hollande a déjà fait une croix sur cinq de ses promesses de campagne.

Un an après l'élection de François Hollande, le bilan apparaît d'ores et déjà mitigé en matière culturelle. En effet, si une poignée de promesses ont été tenues, une demi-douzaine ont déjà été abandonnées ou en passe de l'être. Revue de détail.

Les promesses tenues

La TVA: "je reviendrai sur la TVA qui a été portée de 5,5 % à 7 % sur les livres comme sur la billetterie", avait promis François Hollande en janvier 2012 à Nantes, en présentant sa future politique culturelle.

Cette promesse a été tenue dès l'été 2012. En revanche, le gouvernement prévoit d'augmenter début 2014 de 7% à 10% la TVA sur les billets de cinéma et la télévision payante (Canal Plus).

Les patrons des chaînes: "la désignation des responsables des chaînes publiques de télévision et de radio dépendra d’une autorité indépendante, et non plus du chef de l’État ou du gouvernement". Tel est l'engagement numéro 51 dans le programme présidentiel.

Cette promesse est en passe d'être tenue. Un projet de loi en ce sens doit être présenté en mai en conseil des ministres.

Les promesses non tenues

Le budget: "j’affirme que le budget de la culture sera entièrement sanctuarisé durant le prochain quinquennat", jurait François Hollande à Nantes. Une promesse qui avait paru bien modeste comparée à celle de Martine Aubry, qui, durant la primaire socialiste, avait fait miroiter une augmentation de "30% à 50%" du budget de la rue de Valois...

Mais le président Hollande a abandonné cette promesse dès l'automne 2012. Dans le budget 2013 présenté par le gouvernement, la mission "culture" voit ses crédits reculer de -4,5% (soit -114 millions d'euros). Et le projet de loi finances pluri-annuel prévoit un massacre encore plus grand d'ici 2015, avec un recul de -7,5% (soit -191 millions d'euros).

Quant aux missions "médias, livre et industries culturelles" et "avances à l'audiovisuel public", leur budget cumulé est en 2013 en recul de -2% (soit -85 millions d'euros).

Hadopi: lors du débat sur la loi anti-piratage, les socialistes avaient été très virulents. Puis, durant la campagne, leur position a été plutôt floue. Aurélie Filippetti, déjà chargée de la culture dans l'équipe de campagne, a parlé d'"abroger" Hadopi, ou de la "supprimer", mais en tous cas d'"arrêter d'envoyer des emails, c'est inefficace et intrusif". Plus ambigu, François Hollande a juste promis dans son discours du Bourget de la "remplacer".

Un an après, l'Hadopi est toujours là et continue à envoyer des emails. Et c'est même sous François Hollande que les premières sanctions (des amendes) ont été prononcées contre les pirates...

Officiellement, le gouvernement, avant d'agir, attend les conclusions de la mission confiée à Pierre Lescure, attendues pour le 13 mai. Mais ce viel ami de François Hollande a déjà répété à plusieurs reprises qu'il maintiendrait la Hadopi et l'envoi des emails. De son côté, Aurélie Filippetti, désormais ministre, déclare que "les courriels, ce n'est pas méchant".

La seule question qui reste donc ouverte est celle de la sanction, qui, selon la loi Hadopi toujours en vigueur, est soit une amende, soit une suspension de l'accès Internet -cette dernière sanction n'ayant toutefois jamais été appliquée à ce jour. Selon des sources gouvernementales, la mission Lescure devrait proposer de supprimer la suspension de l'accès Internet, pour probablement ne conserver que l'amende.

Le centre national de la musique: ce projet avait été lancé à la fin de la présidence Sarkozy sans être achevé. A Nantes, le candidat Hollande avait promis: "je reprendrai le chantier du Centre national de la musique, pour en faire un outil au service de la diversité culturelle et de l’ensemble du spectacle vivant, et pas seulement de la musique enregistrée".

Dès l'automne 2012, Aurélie Filippetti, devenue ministre, a enterré le projet, faute de moyens.

La chaîne jeunesse: dans son programme présidentiel, le Parti socialiste avait promis de "créer une chaîne jeunesse sans publicité sur le canal de France 4". Une promesse reprise durant la campagne par Aurélie Filippetti, notamment au Fipa, à La Tribune, puis devant le Spi, où elle assurait "tenir à une chaîne jeunesse sans publicité avant 20 heures". 

Finalement, il a juste été décidé d'augmenter la part de programmes jeunesse sur France 4, sans supprimer la publicité. 

L'audiovisuel extérieur: une fusion de France 24 et RF1 avait été engagée sous Nicolas Sarkozy. Durant la campagne, Aurélie Filipetti avait promis de "revenir sur cette fusion". Lors d'un débat organisé par le SPI, elle avait même précisé: "RFI sera ramené dans le giron de Radio France. Il faut voir si France 24 peut être adossé à France Télévisions. Il faut une chaîne d'info sur le service public qui pourrait être France 24". 

Finalement, RFI n'a pas rejoint Radio France, France 24 n'a pas rejoint France Télévisions, et la fusion a été maintenue. Le gouvernement est juste revenu sur la fusion des rédactions entre RFI et France 24. 

Jamal Henni