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Android: Bruxelles inflige une amende record de 4,3 milliards d'euros à Google

L'Union européenne reproche au géant américain d'avoir abusé de la position dominante de son système d'exploitation pour smartphone. Google dispose de 90 jours pour cesser ses "pratiques illégales", sous peine de nouvelles amendes.

Nouvelle sanction pour Google. L'Union européenne a infligé ce mercredi une amende record de 4,34 milliards d'euros au géant américain, cette fois dans le dossier antitrust Android, selon plusieurs sources. Une décision qui risque de détériorer encore ses relations avec les États-Unis.

Cette sanctions financière est destinée à punir l'entreprise américaine pour avoir abusé de la position dominante de son système d'exploitation pour smartphone, Android, pour asseoir la suprématie de ses propres applications et avant tout son service de recherche en ligne. L'UE a donné 90 jours à la firme américaine pour cesser ses "pratiques illégales" sous peine de se voir infliger des astreintes allant jusqu'à 5% du chiffre d'affaires journalier moyen mondial d'Alphabet", la société mère de Google.

Google va faire appel de cette décision. "Android a créé plus de choix pour tout le monde, pas moins (...) Nous allons faire appel de la décision de la Commission", a affirmé un porte-parole de Google.

Le précédent record était déjà détenu par Google, condamné par la Commission européenne, le 27 juin 2017, à payer 2,42 milliards d'euros pour avoir abusé de sa position dominante dans la recherche en ligne en favorisant son comparateur de prix "Google Shopping", au détriment de services concurrents.

Incitations financières

Cette nouvelle sanction contre le géant américain arrive dans un contexte particulièrement tendu entre l'UE et les États-Unis, avec qui les sujets de friction ne manquent pas, comme sur l'Otan ou le commerce. Mercredi prochain, dans une semaine jour pour jour, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, doit d'ailleurs se rendre à Washington pour tenter de désamorcer le conflit commercial qui oppose l'UE au président américain Donald Trump, prêt à taxer les importations de voitures européennes dans son pays.

Le dossier antitrust Android -système d'exploitation utilisé pour 80% des appareils en Europe et dans le monde, qui est l'équivalent de l'IOS pour l'iPhone d'Apple- est dans le collimateur de la Commission européenne depuis plusieurs années. Dans ses griefs adressés le 20 avril 2016 à Google, la Commission européenne accusait premièrement l'américain d'obliger les fabricants de smartphones, comme le coréen Samsung ou le chinois Huawei, à préinstaller "Google Search" et de le paramétrer comme service de recherche par défaut, ou exclusif, sur la grande majorité des appareils sous Android vendus en Europe.

La Commission accusait également Google d'avoir empêché les fabricants de vendre des smartphones fonctionnant sous des systèmes d'exploitation concurrents, et troisièmement d'avoir accordé des incitations financières aux fabricants et aux opérateurs de réseaux mobiles à la condition qu'ils préinstallent en exclusivité Google Search sur leurs appareils. Après plus de deux ans de discussions, la firme de Mountain View n'a pas réussi à convaincre l'exécutif européen. L'amende record devrait être assortie d'une injonction à changer de comportement dans un délai de 90 jours.

Un recours attendu devant la Cour de Justice de l'UE

Dans le cas antitrust Shopping, Google avait proposé des remèdes en septembre, toujours en cours d'examen par la Commission européenne. Le groupe californien avait également déposé en septembre 2017 un recours contre l'amende de Bruxelles, devant la Cour de justice de l'UE (CJUE), ce qu'il ne devrait pas manquer de faire non plus dans le dossier Android.

Étant donné la complexité des affaires, il faudrait compter environ deux ans avant une décision de la justice. Outre Shopping et Android, la Commission européenne a un troisième fer au feu contre Google: ses pratiques publicitaires.

Elle lui reproche depuis le 14 juillet 2016 d'avoir abusé de sa position dominante avec sa régie publicitaire AdSense (80% du marché en Europe) en limitant artificiellement la possibilité pour les sites web tiers d'afficher les publicités contextuelles émanant de concurrents. Là aussi une amende pourrait se profiler.

P.L avec AFP