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Antoine Zacharias condamné à payer 2 millions d’euros à Vinci

Antoine Zacharias a démissionné de son poste de PDG de Vinci en 2006

Antoine Zacharias a démissionné de son poste de PDG de Vinci en 2006 - JACK GUEZ / AFP

Le tribunal de Nanterre juge que l’ancien PDG a lésé le groupe de BTP en s’octroyant des hausses de rémunération. Il avait déjà été condamné pour abus de pouvoir en 2011.

C’est une affaire qui dure depuis dix ans. L’ancien PDG de Vinci, Antoine Zacharias, a de nouveau été condamné. En mai dernier, le tribunal de commerce de Nanterre lui a infligé 2 millions d’euros de dommages et intérêts à la faveur du groupe de BTP qui avait assigné son ancien patron en 2011. La justice considère que sa rémunération touchée en 2005 était trop élevée et a lésé Vinci "au titre de la perte de chance de réduire sa charge financière", selon le jugement que BFM Business s’est procuré.

En 2004, Antoine Zacharias avait évincé de son conseil d’administration les trois membres du comité des rémunérations qui refusaient de supprimer la limitation de son salaire. Il a ensuite fait changer la formule de calcul de ses émoluments qui sont passés de 2,9 millions d’euros en 2003 à 4,3 millions d’euros en 2005, soit une envolée de 50% en trois ans. Un scandale qui avait conduit à sa démission en 2006. Il avait toutefois quitté Vinci avec près de 13 millions d’euros d’indemnités. En revanche, ses stock-options, valorisées à l'époque à 285 millions d’euros, ne lui avaient finalement pas été attribuées.

Le tribunal a jugé que sa rémunération de 2005 était supérieure de 665.112 euros à la recommandation d’un audit externe du cabinet Towers Perrin. En conséquence de quoi son indemnité de départ de 12,9 millions d’euros -soit trois ans de salaire sur la base de ceux de 2005- avait été "surpayée" de près de 2 millions.

Zacharias ne fera pas appel

Un manque à gagner pour Vinci qu’Antoine Zacharias remboursera d'ici la fin de l'année. "Il réglera cette somme lorsque l’arrêt aura été notifié" précise son avocat Hervé Témime qui ajoute que son client, âgé de 78 ans, ne fera pas appel de la décision du tribunal de commerce de Nanterre. "Il faut savoir tourner la page même si cette condamnation est injustifiée" plaide-t-il, notant que la justice a estimé que Vinci n’avait pas été lésé par la rémunération de son PDG en 2004.

De son côté, Vinci ne fera pas non plus appel de ce jugement, même si le groupe réclamait une indemnisation de 5,7 millions d'euros. Mais "cette affaire dure depuis dix ans, soupire un proche du groupe. Le jugement est équilibré".

Cette condamnation sonne la fin des dix années de "l’affaire Zacharias". Commencée en 2007 par une enquête judiciaire de deux ans, elle a débouché en 2010 sur une relaxe du PDG de Vinci, jugé pour "abus de biens sociaux". Mais un an plus tard, l’appel du parquet a conduit la Cour d’appel de Versailles à le condamner à 375.000 euros d’amende en requalifiant les faits en "abus de pouvoir". Une opportunité qu’a saisi Vinci pour cette assignation qui clôt le plus long feuilleton judiciaire pour un patron du CAC 40.

Matthieu Pechberty et Simon Tenenbaum