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Appareils, services, formations: les  business autour du drone civil explosent

Les viticulteurs font appel aux drones pour vérifier la maturité du raisin.

Les viticulteurs font appel aux drones pour vérifier la maturité du raisin. - Jean-Pierre Muller- AFP

Après le succès des prises d'images aériennes pour les médias, une foule d'applications nouvelles apparaissent pour les drones : relevés topographiques, modélisation en 3D d'édifice pour la préservation du patrimoine, suivi des cultures agricoles ou encore inspections d'infrastructures.

Les marchés des drones professionnels, qu'il s'agisse de ventes de matériel ou de prestations de service, explosent en France, les entreprises réalisant de plus en plus le potentiel économique de ces petits engins.

A Saint-Rémy-lès-Chevreuse, en région parisienne, la société Azur Drones vient d'ouvrir son quatrième centre de formation au pilotage de drones. "Nous avons formé à peu près 120 personnes l'an dernier, et nous comptons progresser de 50% cette année", explique Grégoire Thomas, le directeur général de l'entreprise.

Selon Thierry Mohr, le président de l'Union Nationale des Exploitants Professionnels d'Aéronefs TéléPilotés (UNEPAT), il y aujourd'hui environ 6.500 pilotes de drones officiellement enregistrés en France (pour un usage professionnel). Et leur nombre a doublé en un an, précise-t-il. Selon la Fédération professionnelle du drone civil, le nombre de drones professionnels en France a également explosé en 2017, et dépasse désormais les 9.000 appareils. 

Et après le succès ces dernières années des prises d'images aériennes pour les médias, une foule d'applications nouvelles apparaissent, des relevés topographiques à la modélisation en 3D d'édifice pour la préservation du patrimoine, en passant par le suivi des cultures agricoles. 

L'inspection des ouvrages d'art, un marché en pleine essor

Engie, RTE, la SNCF... Toutes les grandes entreprises qui ont des réseaux physiques réfléchissent ou ont déjà commencé à utiliser des drones pour aller inspecter leurs kilomètres d'infrastructures plus ou moins accessibles.

"Nous avons multiplié par 5 le chiffre d'affaires de la prestation de services pour l'industrie et l'aménagement du territoire en 2017", souligne Grégoire Thomas. En particulier, le marché de l'inspection des 70.000 ouvrages d'art français par exemple "ne fait que commencer", assure-t-il. Il espère voir passer le chiffre d'affaires de son entreprise de 4 millions d'euros en 2017 à 10 millions en 2018.

Les drones permettent d'aller détecter fissures et altérations sur les ponts avec une grande précision, sans mobiliser de lourds moyens techniques ni couper la circulation.

Opérateur de drone n'est pas un métier à part entière

"85% des métiers liés au drone restent à inventer", estime de son côté Thierry Mohr. "J'ai un ami qui teste actuellement la bathymétrie des endroits inaccessibles", à savoir mesurer la hauteur d'eau dans des endroits inaccessibles par des moyens classiques grâce à un drone capable de se poser sur l'eau, et de repartir une fois sa mission accomplie, relève-t-il.

Mais n'en déplaise à tous ceux qui rêvent de piloter ces petites machines volantes, les spécialistes estiment qu'opérateur de drone n'est pas un métier à part entière, plutôt une qualification que l'on peut se donner quand on a déjà un métier par ailleurs: preneur d'image, géomètre, agent immobilier...

"Si on est un excellent droniste mais qu'on n'a pas de vrai métier derrière, ça va être galère", résume Thierry Masson, un télépilote virtuose, adepte de voltige à ses heures perdues, formateur chez Azur drones mais aussi chef opérateur.

Concentration du secteur

Le marché des prestations de services par drone est en train de se concentrer, les petits opérateurs se regroupant pour répondre à la demande des grands comptes. Cosmopter, l'entreprise de services par drones de Thierry Mohr, propose ainsi à des télépilotes de travailler sous son ombrelle (par portage salarial) afin de rassembler leurs forces.

A Toulouse, l'entreprise Delair surfe aussi sur le boom des inspections aériennes par drone. Elle fabrique des drones à voilure fixe -des petits avions télécommandés- capables de voler beaucoup plus longtemps que les multi-rotors très gourmands en énergie et vite à court de batterie.

Mais son marché d'avenir repose sur les logiciels pour traiter les images aériennes, explique à l'AFP Thomas Nicholls, le directeur du marketing.

"Nous ne gagnons pas d'argent sur notre plateforme logicielle pour l'instant, mais c'est là que la valeur va se retrouver dans les années à venir", explique-t-il. "Nous avons signé un partenariat stratégique avec (le fabricant de puces) Intel, avec pour objectif de devenir la plateforme de référence au niveau mondial de l'imagerie aérienne."

Delair a augmenté son chiffre d'affaires de plus de 50% en 2017, à 7,2 millions d'euros. L'entreprise ne donne pas de prévision pour 2018 mais estime pouvoir doubler ses ventes par rapport aux 500 machines vendues en 2017.

C.C. avec AFP