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Après Aigle Azur et XL Airways, Corsair va-t-elle devoir mettre la clé sous la porte?

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Corsair - MATHIEU GARCIA / CORSAIR / AFP

Le sort de la compagnie française repose sur une négociation au point mort entre ses deux actionnaires et l'Etat français. En réalité, personne ne semble prêt à financer la relance de l'entreprise qui compte 1.200 employés.

"A ce stade, je n'ai pas le sentiment que l'Etat n'envisage pas d'aider tout le transport aérien. Nous verrons bien." La petite phrase, lâchée par le PDG de Corsair, Pascal de Izaguirre sur BFM Business, date maintenant de deux semaines. Peut-être est-il désormais moins serein.

Car l'avenir de sa compagnie aérienne s'inscrit en pointillés. Totalement à l'arrêt, l'entreprise s'inquiète légitimement pour sa survie, en témoigne la pétition lancée par ses 1.200 salariés. Et si Air France a bénéficié d'un plan de soutien massif de l'Etat, à hauteur de 7 milliards d'euros, Corsair n'a pas encore vu la couleur d'un quelconque argent frais.

Pas de PGE possible

Sur BFM Business, Pascal de Izaguirre s'était d'ailleurs ému de ne pas pouvoir bénéficier du prêt garanti par l'Etat (ou PGE). "Ces prêts nécessitent des critères qui sont trop restrictifs, par exemple en matière de capitaux propres". En effet, pour obtenir le PGE, l'entreprise doit posséder un niveau de fonds propres supérieur à la moitié du capital social. Ce qui n'est pas le cas de Corsair.

La compagnie a donc peu d'options et compte sur une aide directe de l'Etat français. Sauf que le gouvernement y a mis une condition. "Nous suivons de très près la situation de ces compagnies, en particulier Corsair" assurait ainsi lundi dernier le ministre de l'Economie Bruno Le Maire dans une série de questions-réponses sur LinkedIn. "Mais c'est une responsabilité collective, (...) il faut aussi que les actionnaires de Corsair puissent faire leur part du chemin" a-t-il prévenu.

En clair, sans recapitalisation des actionnaires, l'Etat s'abstiendra. Et c'est bien là que le bât blesse. Corsair a trois actionnaires: d'abord les salariés, qui possèdent 20% du capital. Ensuite TUI, autrefois majoritaire mais qui ne possède plus que 27% des parts et enfin le principal actionnaire, le groupe allemand Intro Aviation GmbH, qui détient 53% du capital.

La balle dans le camp de l'Etat

Et selon les informations de La Tribune, l'affaire semble réglée. Ni Intro Aviation GmbH ni TUI n'ont l'intention de mettre la main au portefeuille. D'abord parce que les deux sont aussi très affectés par la crise. Ensuite parce que l'actionnaire majoritaire ne serait, de toute façon, pas suffisamment solide pour cela et chercherait même à se désengager.

Seule une volte-face de l'Etat pourrait donc permettre à Corsair de passer cette mauvaise période, d'autant plus que les finances de l'entreprise sont loin d'être mauvaises. Mais l'incertitude pèse et la reprise des vols devra encore attendre. Les conditions sanitaires vont aussi largement diminuer les taux de remplissage.

Après Aigle Azur et XL Airways, c'est donc au tour de Corsair de jouer sa survie. En espérant un meilleur épilogue que pour les deux premières…

Thomas Leroy