BFM Business
Transports

Après l'annulation du salon de Genève, le secteur automobile en plein doute

Des voitures en cours d'installation ce vendredi à Genève.

Des voitures en cours d'installation ce vendredi à Genève. - RICHARD JUILLIART / AFP

Coûts importants, réorganisation des plans com, nouvel accroc dans l’image des salons, l’annulation du salon de Genève jette un froid sur le secteur automobile.

L’incertitude qui régnait cette semaine sur le secteur automobile ne s’est pas dissipé avec l’annulation ce vendredi de la 90e édition du salon automobile de Genève (Suisse). Plans de communication, déclenchement éventuel des assurances et avant tout récupération des véhicules et stands déjà présents sur place, les réunions s’enchaînent chez la dizaine de groupes présents sur le salon depuis 10h15 et l’annonce de l’annulation pure et simple.

Démonter rapidement tous les stands, rapatrier les voitures

"Le démontage va s’organiser dès aujourd’hui, nos exposants, leurs employés qui ont travaillé depuis trois semaines, nous allons nous réorganiser dès cet après-midi", expliquait ce midi lors de la conférence de presse Olivier Rihs, le directeur général du salon.

Tous les stands étaient en effet déjà installés, les voitures étaient elles en transit vers Genève. Les véhicules ne sont généralement installés que la veille de l’ouverture. "Les camions vont faire demi-tour, ils étaient sur la route", nous confie-t-on ainsi chez DS. Les organisateurs espèrent que tout pourra être démonté d'ici le 7 mars. Les autorités suisses ont en effet été très claires: toute manifestation de plus de 1000 personnes est interdite jusqu'au 15 mars, selon le communiqué du conseil fédéral.

Faire revenir les voitures le plus rapidement possible s’avère déterminant pour les marques si elles veulent poursuivre leur communication la semaine prochaine. Le Geneva International Motor Show (GIMS) devait ouvrir ses portes mardi, certaines marques ne veulent pas louper la fenêtre de communication de cette période. Or, la circulation des camions est restreinte le week-end.

BMW a d’ores et déjà annoncé qu’il présentera son concept i4 en live stream par internet à l’heure prévue pour sa conférence de presse mardi 3 mars depuis son siège de Munich (Allemagne). Idem pour Aston Martin qui fera sa conférence de presse depuis son site de Gaydon (Grande-Bretagne). Les constructeurs français réfléchissent eux à peut-être proposer leurs nouveautés à Paris. De quoi ne pas totalement voir englouti les millions d’euros dépensés pour le salon.

Pas de remboursement des participants par les organisateurs

Les organisateurs n’ont pas prévu de rembourser les exposants.

"C’est un cas de force majeure, il n’y a pas de remboursement dans ce cas, a clairement expliqué Olivier Rihs. Tous les billets des visiteurs seront eux remboursés".

Les organisateurs attendaient entre 500 et 600.000 personnes sur cette édition 2020 à 15 euros pièce le billet. Avec l’annulation de toutes les manifestations, les organisateurs se protègent des remboursements. Les millions d’euros investis dans les stands, les millions d’euros investis dans chaque concept-car semblent pour le moment entrer dans la catégorie des pertes sèches. "Les assureurs ne doivent pas être à l’aise", nous confie un fin connaisseur du secteur.

Une année 2020 difficile pour les salons

Cette situation semble donner raison aux constructeurs qui n’avaient pas prévu de venir à Genève. Citroën a par exemple présenté ce jeudi sa petite voiture électrique sans permis à Nanterre (Hauts-de-Seine), faisant les gros titres ce vendredi matin.

Les salons automobiles n’ont plus la côte depuis quelques années, et de plus en plus de constructeurs les délaissent pour privilégier les lancements maison selon leur timing, non selon les calendriers des salons. 2020 est une année particulière pour ces évènements: le salon de Détroit a été décalé à cet été car la concurrence du CES de Las Vegas était trop importante. Genève comme le salon de Pékin prévu en avril ont été annulés à cause de l’épidémie. Or, les premiers mois sont cruciaux pour les constructeurs car ils leur permettent de voir s’ils sont en ligne avec leurs objectifs de l’année. 

"Nous regrettons cette situation, mais la santé des participants comme des exposants est notre priorité", a rappelé à plusieurs reprises Maurice Turrettini, président de la fondation qui organise le salon automobile de Genève. La santé financière du salon est aussi remise en question. Le GIMS avait généré l'an dernier entre 188 à 235 millions d’euros de retombées.

Pauline Ducamp