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Après les MP3 et les smartphones, Archos parie sur la crypto-monnaie et les trottinettes

Le Safe T-Mini est un coffre-fort pour crypto-monnaie. Dès son annonce, il a fait doubler l'action d'Archos

Le Safe T-Mini est un coffre-fort pour crypto-monnaie. Dès son annonce, il a fait doubler l'action d'Archos - Archos

Depuis sa création il y a 30 ans, Archos se fait bousculer par les géants de la tech. Pour ne pas disparaitre, elle s'est lancée dans la mobilité et vient de dévoiler une clé sécurisée made in France pour stocker des crypto-monnaies.

Archos vient de dévoiler le Safe T-Mini, un coffre-fort numérique pour stocker ses crypto-monnaies. Ce produit a créé un nouveau souffle pour la marque française qui pour la première fois depuis longtemps a vu son action bondir de plus de 50% dès cette annonce. Son cours est passé de 0,77 à 1,47 euro. Pour la marque française, c’est le signe que tout est encore possible.

Après avoir lancé des dernières années des casques de réalité virtuelle, des drones, des skateboards et un vélo connecté en continuant de faire évoluer sa gamme de smartphones, l'entreprise poursuit une stratégie de diversification audacieuse en conservant son positionnement d’entrée de gamme.

Entrée de gamme et made in France

Depuis janvier, la marque a annoncé un smartphone à moins de 100 euros, un ordinateur tout en un à 300 euros, des assistants vocaux à partir de 129 euros et une gamme de trottinettes électriques et connectées. Mais ce qui a vraiment fait réagir le public est cette clé sécurisée pour stocker des monnaies virtuelles. Son prix: 50 euros. Ces produits seront présentés à l'occasion du MWC (Mobile World Congress), le salon de Barcelone dédié à la mobilité qui ouvre ses portes le 26 février.

La diversification n’est pas le seul ingrédient pour revenir dans la course. Si la plupart de ses produits proviennent habituellement d’usines chinoises, Archos mise désormais sur la France. Car si la trottinette ne sera pas assemblée dans des usines françaises, le Safe T-Mini sera, lui, made in France. Cette clé sécurisée a été conçue par son équipe R&D et elle sera fabriqué dans une usine française assure l'entreprise.

Pour rassurer et séduire les possesseurs de crypto-monnaies, Archos s’est associé à la société française DomRaider. Cette start-up clermontoise s’est faite un nom en 2017 en devenant la première entreprise française à faire une levée de fonds en crypto-monnaie (ICO, pour Initial coin offerings) qui lui a permis d’engranger 35 millions d’euros. En janvier, DomRaider a lancé une plateforme d’enchères sur la blockchain. Créé en 2013, elle emploie désormais 40 personnes et s’est déployée dans 27 pays.

Le business des crypto-monnaies

Archos va-t-il profiter de ce dynamisme? Le pari n’est pas gagné. Les smartphones représentent toujours près de la moitié de son chiffre d’affaires. Ce secteur n’est plus en évolution et la concurrence se durcit avec des géants mondiaux comme Samsung, Apple ou Huawei. Difficile pour la petite société française de faire le poids face à ces mastodontes.

D'autant qu'en 2017, la société a vécu l’une de ses plus mauvaises années. Son chiffre d’affaire (80 millions d’euros) a chuté de 25% sur les neuf premier mois. En 2016, il s’élevait à 154,5 millions d’euros. Loic Poirier, son PDG, reste malgré tout optimiste pour 2018. Les smartphones représentent encore près de 45% de son activité et les produits de mobilité urbaine ont représenté l’an dernier 10% de son chiffre d’affaires.

Le business des crypto-monnaies va-t-il créer un effet de levier en 2018 pour relancer la marque? C’est un pari possible d’autant qu’avec le rachat de Wiko par le chinois Tinno, Archos est désormais la seule marque française de smartphones. Ce qui lui permettra peut-être de maintenir sa part de marché de 4%.

Depuis sa création il y a tout juste 30 ans, la société, dont le nom est l’acronyme de celui de son fondateur, Henri Crohas, a affiché une détermination impressionnante pour survivre. En 2000, elle lançait alors l’un des meilleurs lecteurs MP3 de l’époque, mais l’arrivée de l’iPod d’Apple en 2001 a été fatal à ce produit. C’est aujourd'hui l’une des rares entreprises technologiques françaises à avoir survécu, tant bien que mal, au tsunami des géants américains et asiatiques.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco