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Après TF1, M6 menace à son tour de se retirer des box internet

Gilles Pelisson (PDG de TF1) et Nicolas de Tavernost (président du directoire de M6) lors des voeux du CSA

Gilles Pelisson (PDG de TF1) et Nicolas de Tavernost (président du directoire de M6) lors des voeux du CSA - Satellifax Serge Surpin

La Six veut elle aussi recevoir plus d'argent des opérateurs télécoms, et à défaut menace de ne plus leur fournir sa chaîne.

Après TF1, voilà le tour de M6. La Six menace elle aussi de se retirer des box internet si elle n'était pas mieux rémunérée par les opérateurs télécoms. Elle suit ainsi TF1, qui a engagé un bras de fer avec les "telcos" mi-2016.

Une telle rémunération est "absolument indispensable", a déclaré mardi 18 avril le président du directoire Nicolas de Tavernost aux Echos. Il ajoute que M6 a l'intention d'appliquer la même "riposte graduée" que TF1. Tout en se disant persuadé qu'un accord sera trouvé, et que personne ne pratiquera la politique du pire. 

Remettre une couche

Le patron de la Six avait tenu des propos similaires lors de ses résultats annuels le 21 février: "Nous sommes extrêmement déterminés à faire rémunérer nos signaux qui produisent de la valeur pour les réseaux, comme cela se fait dans beaucoup de pays. Il est hors de question de ne pas être rémunéré. Notre programme n'est pas gratuit à fabriquer. Une négociation, si elle n'aboutit pas, il faut bien qu'il y ait une sanction, ce serait de couper le signal. Mais nous souhaitons l'éviter".

Le 27 février, Nicolas de Tavernost en avait remis une couche à l'antenne de BFM Business: "Il faut être rémunéré à partir du moment où l'on offre une valeur ajoutée à un réseau, où l'on apporte un service. L'enjeu financier est de quelques dizaines de millions d'euros. S'il n'y a pas d'accord, nous couperons le signal, mais ce serait un échec. Nous sommes tout à fait alignés avec TF1, nous sommes sur la même position, une position qui n'est pas dure mais équitable".

Rappelons que TF1 reçoit actuellement environ 10 millions d'euros par an de ses distributeurs: CanalSat, Orange, Free et SFR (qui détient 49% de ce site web). La filiale de Bouygues souhaite porter cette rémunération autour de 100 millions d'euros par an. Face au refus des opérateurs télécoms, TF1 a prévenu qu'elle allait cesser fin avril de leur fournir son signal pour leurs offres over-the-top (OTT), c'est-à-dire accessibles via internet sur ordinateur, tablette ou téléphone mobile. Selon les Echos, la chaîne menace de couper ensuite le signal sur les box à l'été.

Pas gagné d'avance

Prendre en compte les revenus que pourrait ainsi engranger TF1 est "prématuré", estiment les analystes de Morgan Stanley, qui avancent plusieurs raisons. D'abord, si TF1 se retirait des box, cela "serait très préjudiciable à son audience et à ses recettes publicitaires, étant donné que les box représentent plus de la moitié de son audience". Ensuite, les opérateurs télécoms "sont parmi les plus gros annonceurs du pays, et pourraient prendre des mesures de rétorsion en retirant de TF1 une partie de leurs dépenses publicitaires, ou en demandant un partage des recettes publicitaires entre chaînes et distributeurs".

Enfin, la situation française est "différente" de celles des pays où les chaînes sont rémunérées. En particulier, "le marché français des télécoms est concurrentiel, ce qui pourrait empêcher les opérateurs de répercuter ce surcoût dans le tarif facturé au client". En outre, la version haute définition des chaînes est "disponible gratuitement en terrestre hertzien, alors qu'en Allemagne elle est facturée aux abonnés du câble et du satellite, ce qui a permis de doper la rémunération versée à RTL et ProSieben".

En pratique, les contrats entre TF1 et ses distributeurs expiraient fin 2016 -sauf celui avec Molotov, qui pourrait donc profiter de la situation. Les contrats entre M6 et ses distributeurs expirent fin 2017.