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ArcelorMittal: polémique sur la rentabilité des hauts-fourneaux de Florange

Le site de Florange ne serait pas rentable, selon la direction du groupe

Le site de Florange ne serait pas rentable, selon la direction du groupe - -

Des documents prouveraient que le site est rentable. Mais la direction n’en démord pas, le site d’ArcelorMittal Lorraine enregistre des résultats négatifs.

Le site de Florange est-il rentable ou pas? Cette question continue de faire débat. 

Déjà, mercredi 12 décembre, Edouard Martin, délégué CFDT de Florange, faisait état d'un document de la direction selon lequel le site mosellan est l'un "des plus rentables" du groupe ArcelorMittal dans le nord de l'Europe, si l'on compare les coûts de production de l'acier produit à Florange, Gand, Dunkerque, Liège et Brême.

Le Monde, dans son édition de mardi 18 décembre, cite "des documents internes" dont il s'est procuré copie et affirme que "fabriquer de l'acier en Lorraine revient à peine plus cher que dans le Nord".

"La différence ne serait que de 4,2 euros par tonne alors que le groupe a toujours avancé le chiffre de 40 euros", écrit le journal, qui dit se fonder sur une "note énumérant l'ensemble des coûts de fabrication, variables et fixes, des sites de Florange et de Dunkerque pour le mois de mai 2011".

44 euros par tonne

Des preuves qui semblent solides. Pourtant, de l'aveu même d'un syndicaliste, le calcul du Monde est sujet à caution. "Les chiffres sont publiés tous les mois, ils varient tout le temps" explique Xavier Lecoq, secretaire nationale en charge de l’Industrie à CFE-CGC. Donc parler du prix de revient à un instant T, comme le fait le quotidien, "n’a pas de sens" pour lui. "Il faut remettre ces données dans le contexte", ajoute-t-il.

La direction du groupe conteste également "les interprétations partielles et erronées" de documents publiés dans les médias. "Le chiffre de 4 euros/tonne extrait d'un de ces documents ne se rapporte qu'à une faible partie des coûts du processus de fabrication de l'acier et n'est, par conséquent, pas représentatif de la rentabilité de la phase liquide en Lorraine", assure la direction du groupe sidérurgique dans un communiqué.

La direction chiffre l'écart de "coût de production complet" de la bobine laminée à chaud à Florange, "prenant en compte l'ensemble du processus jusqu'à la production de la première bobine laminée à chaud, à 44 euros/tonne en 2010 et 2011".

"Cet écart se réduit en 2012, tout simplement parce que la phase liquide de Lorraine ne tourne pas, et qu'aujourd'hui, on alimente la Lorraine avec des brames (gros lingots de matière première) venant de Dunkerque qui sont plus compétitives et qui permettent d'avoir un prix de bobine à chaud plus compétitif", a souligné Henri Blaffart, vice-président d'ArcelorMittal Aciers plats Europe.

Selon un document interne de la direction, l'écart de coût de production d'une bobine à chaud entre la Lorraine et l'Atlantique était de 28 euros au premier trimestre 2012, puis de 25 euros au deuxième trimestre 2012.

Perte de 125 millions d'euros en 2011

Selon Henri Blaffart, le document "ne montre pas l'aspect global de la situation et la réalité du coût de production des bobines à chaud de la Lorraine".

Il s'agit d'un "document d'analyse comme on peut avoir dans les entreprises avec une analyse de toute une série de paramètres différents" pour mesurer les différentes étapes de la production, allant de la fabrication de la fonte à la bobine à chaud, a-t-il dit. 

ArcelorMittal rappelle en outre que "cela fait quatre ans que les activités d'ArcelorMittal Atlantique et Lorraine enregistrent des résultats négatifs" et que "la contribution des activités en Lorraine est plus faible que celle de Dunkerque".

ArcelorMittal Atlantique et Lorraine a enregistré une perte nette d'environ 125 millions d'euros en 2011 et "une perte encore plus importante a été réalisée en 2012", précise le groupe.

BFMbusiness.com et AFP