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Arnaud Lagardère: "je suis fier d'être riche"

Le co-gérant du groupe Arnaud Lagardère en assemblée générale

Le co-gérant du groupe Arnaud Lagardère en assemblée générale - -

Lors de son assemblée générale vendredi 3 mai, le co-gérant du groupe Lagardère a assuré vouloir rester aux commandes encore "20 à 30 ans", et avoir rejeté toutes les offres de rachat du groupe.

"Vous devriez devenir comédien", recommande un petit porteur à la fin de l'assemblée générale, visiblement ébloui par le one man show d'Arnaud Lagardère. Une fois de plus, le co-gérant du groupe Lagardère s'est montré vendredi matin un brillant orateur, avec un exposé introductif de près de trois quarts d'heure exécuté sans aucune note.

L'héritier a été fidèle à son image. Démagogique, il a demandé aux dirigeants d'applaudir les petits porteurs.

Impudique: "je vis un bonheur extrêmement important dans ma vie personnelle. Ma fille va très bien, et mon mariage est imminent..."

Maladroit: "on a fêté les 10 ans de la disparition de Jean-Luc Lagardère. Enfin, fêté est un bien grand mot... Dans le coeur de certains, c'est quand même une joie..."

Provocateur: "je suis fier d'être riche", a-t-il lancé sous les applaudissements des petits porteurs. Même si, à vrai dire, l'héritier est surtout riche de dettes, dont il a refusé de donner le montant.

L'héritage de Jean-Luc

Effronté: "jamais ne céderai ce groupe quelque soit le prix. On m'a fait mille offres, que j'ai toutes refusées... Et jamais je n'abandonnerai le statut de commandite... J'en ai encore pour 20 à 30 ans de bonheur avec vous!" En clair, l'héritier, qui vient de fêter ses 52 ans, se voit encore à la tête du groupe au-delà de 70 ans... Ceux qui espéraient s'en débarrasser rapidement en sont pour leurs frais.

Surtout, Arnaud Lagardère s'est évertué à convaincre ses actionnaires que la vente d'EADS n'était pas contradictoire avec la stratégie de son père. "Nous n'avons trahi l'héritage de Jean-Luc ni sur le plan financier, ni sur le plan stratégique, ni sur le plan des valeurs. Dès 1999, le rapprochement de Matra avec Aérospatiale [qui deviendra EADS] voulait dire qu'il y aurait une cession à un moment précis. Déjà, au début des années 2000, vous saviez, chers actionnaires, que nous serions un jour ou l'autre un pure player des médias."

Petites cessions

Il a aussi présenté moult graphiques, tous plus favorables les uns que les autres, présentant l'évolution du groupe depuis la mort de son père et son arrivée aux commandes en 2003. Mais, étrangement, un indicateur important manquait: l'évolution du chiffre d'affaires, qui a reculé de 41% depuis 2003, suite aux multiples cessions.

Sur la stratégie, le-cogérant n'a pas fait d'annonce majeure. Dans la partie services, il a indiqué vouloir céder l'activité de distribution de journaux "petit à petit, peut être en cédant quelques actifs. Hormis cela, je n'ai pas de cession significative en tête".

Parallèlement, il a indiqué vouloir poursuivre son développement dans "le sport, le travel retail [magasins destinés aux voyageurs dans les aéroports, etc], le numérique", mais aussi les licences de marque (Elle...).

Acheteur et vendeur à la fois

Last but not least, il a fait un point sur sa participation de 20% dans Canal Plus France, dont il est en même temps vendeur et acheteur... "Notre souhait est de sortir. Mais nous sommes prêts à acheter si Vivendi a une image plus pessimiste que la nôtre. C'est du bon sens élémentaire, des mathématiques élémentaires... Mais notre objectif reste de céder Canal Plus malgré tout. Et je crois pas que Vivendi soit amené à céder Canal Plus".

Toutefois, plusieurs petits porteurs lui ont demandé avec quel argent il comptait racheter la chaîne cryptée. Réponse: "nous avons 20%, il suffit de racheter 31% pour avoir le contrôle. Le groupe en a les moyens. On n'a jamais dit qu'on voulait racheter tout seuls. Il y a suffisamment de gens intéressés pour le faire avec des amis..."

Jamal Henni