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Montebourg reçoit les banquiers pour parler rémunérations

Arnaud Montebourg a pointé du doigt la rémunération des banquiers.

Arnaud Montebourg a pointé du doigt la rémunération des banquiers. - -

Le ministre de l'Economie accueille plusieurs dirigeants des grandes banques françaises, ce lundi 19 mai, et devrait évoquer les hausses de leurs rémunérations. Le dialogue risque d'être tendu car Arnaud Montebourg n'a jamais caché son hostilité envers secteur financier.

Arnaud Montebourg face à ses meilleurs ennemis. Ce lundi 19 mai à 18h, le ministre de l'Economie doit s'entretenir avec les dirigeants des grandes banques françaises. Et si Pierre Moscovici avait dû se défendre d'être "le copain de banquier", son successeur n'a lui clairement pas besoin d'apporter de telles précisions.

Car Arnaud Montebourg a par plusieurs fois égratigné le secteur financier. En atteste, par exemple, cette sortie de septembre 2013, où il comparait la Finance "au cholestérol". "Il y a la bonne et la mauvaise" affirmait-il. Et, pour lui, la "mauvaise finance" était clairement représentée par "le secteur bancaire" qui "a d'autres occupations, comme spéculer sur les marchés ou gagner de l'argent facilement dans le "trading" à haute vitesse". Société Générale et BNP Paribas était citées nommément par le ministre.

Des hausses entre 8 et 38%

Mais si les banquiers sont convoqués devant le ministre, ce jeudi, c'est pour parler rémunération. Car Arnaud Montebourg n'a guère apprécié les augmentations dont ont bénéficié les patrons des grandes banques françaises en 2013.

Il l'a publiquement fait savoir le 17 avril dernier, évoquant "des proportions absolument indécentes". "Le PDG du Crédit agricole (…) a eu une augmentation de 38%, Natixis +14, BPCE +29. Donc il va falloir qu'on discute de tout cela avec la place bancaire", prévenait-il.

Les chiffres à proprement parler ne donnent pas tort au ministre. Ainsi Jean-Paul Chifflet, le directeur général de Crédit Agricole, a effectivement vu sa rémunération progresser de 38,8% si l'on en croit le document de référence 2013 de son groupe, avec un total de 2,14 millions d'euros. François Pérol, le président du directoire de BPCE (Banque Populaire Caisses d'Epargne) a lui va sa rémunération augmenter de 29,4% à 1,44 million. Des variations qui s'expliquent par l'augmentation de la partie variable de la rémunération de ces banquiers.

Le financement des PME en question

Les hausses ont été plus modestes pour Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas et Frédéric Oudéa, le PDG de Société Générale, qui ont tous les deux vu leurs émoluments augmenter de 8% à respectivement 3,44 millions d'euros et 2,71 millions d'euros.

Selon son agenda, Arnaud Montebourg ne recevra toutefois que trois dirigeants du secteur bancaire: Jean-Laurent Bonnafé, Remy Weber, le président du directoire de la Banque Postale et François Pérol. Ce dernier sera donc le seul banquier indirectement cité par le ministre le 17 avril dernier qui prendra part à l'entretien.

Outre ces questions portant sur leurs rémunérations, les banquiers devraient également se défendre sur un autre point: le financement de l'économie. Le 22 avril dernier, Arnaud Montebourg avait ainsi exhorté le secteur bancaire à prêter davantage aux PME. "Le système bancaire s'est un peu trop détourné d'elles", jugeait-il. Les banquiers auront probablement à coeur de lui démontrer l'inverse, alors que, Société Générale, par exemple, vise plus particulièrement ce segment dans son plan stratégique.

Julien Marion