Au bureau, l'air pollué fait baisser la productivité
Pour être efficace, faut-il installer son bureau dans les montagnes, là où l'air est plus pur? L'exposition à la pollution ne concerne pas que ceux qui travaillent dehors ou dans des usines au milieu des produits chimiques: les employés de bureau peuvent eux aussi respirer un air malsain. Selon une étude publiée dans la Harvard Business review, et menée par 4 chercheurs américains, Tom Y. Chang, Joshua Graff Zivin, Tal Gross et Matthew Neidell, cette pollution a un impact direct sur leur productivité.
Ces conclusions ont été obtenues en étudiant les salariés des centres d'appels d'une des plus grandes agences de voyages chinoises, Ctrip. Ce sont donc des travailleurs sédentaires, qui passent leur journée derrière un bureau. "S'ils sont affectés par la pollution, cela veut dire que nous tous pourrions y être vulnérables", soulignent les chercheurs.
Ces derniers ont passé en revue les données enregistrées quotidiennement sur l'activité de ces centres d'appels, comme le nombre de coups de fil gérés et la longueur des pauses prises par les salariés. Le constat est sans appel: quand l'indice de pollution de l'air augmentait de 10 unités, le nombre d'appels gérés par un salarié reculait de 0,35%. Les écarts de productivité entre les jours où la qualité de l'air était jugée correcte et ceux où elle était mauvaise avoisinait les 5 à 6%. Et il suffit d'un peu de pollution pour que le rythme des salariés soit freiné.
Les particules pénètrent dans le système nerveux
Mais comment le fait de respirer un air vicié peut-il réduire la productivité? Ce sont les particules en suspension dans l'air qui affectent les fonctions cognitives: elles sont suffisamment fines pour entrer dans la circulation sanguine et venir affecter le système nerveux central. L'étude porte sur un métier qui nécessite une réflexion modérée. Les chercheurs s'inquiètent donc du ralentissement de la productivité qui pourrait s'avérer bien plus important sur les métiers plus intellectuels.
Quels enseignements les entreprises doivent tirer de cette étude? Avant de penser au team building ou à développer des outils collaboratifs pour stimuler leurs équipes, peut-être devraient-elles investir dans des filtres à air, qui retiendront une partie des particules nocives. Mais l'effet restera limité. Les salariés seront de toute façon de nouveau exposés à un air malsain une fois sortis de leur entreprise.