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Automobile électrique : Toyota met les bouchées doubles

Toyota a avancé de 5 ans ses objectifs de ventes de véhicules électrifiés, 50% à horizon 2025 désormais.

Toyota a avancé de 5 ans ses objectifs de ventes de véhicules électrifiés, 50% à horizon 2025 désormais. - Fabrice COFFRINI / AFP

Le géant japonais avance de 5 ans les objectifs d'électrification de sa gamme, face à l'accélération de la demande et aux pressions réglementaires sur les émissions de CO2.

Le statut de pionnier et de champion du monde de l'hybride n'est plus suffisant. Toyota doit aller plus loin désormais, et même Didier Leroy, numéro 2 français du géant japonais, l'a reconnu il y a quelques mois : les nouvelles réglementations en matière d'émissions de CO2 constituent un défi particulièrement difficile, même pour un constructeur cité en exemple en matière de motorisations à basses émissions.

« C'est difficile pour tout le monde, même pour nous » a-t-il dit, « et même si nous sommes un peu mieux préparés que certains concurrents, si on ne trouve pas la solution, on n'aura plus qu'à changer de métier... » concède-t-il humblement. L'hybride est devenu une technologie produite en masse, certes efficace, mais plus suffisante à elle seule pour faire baisser significativement les moyennes d'émissions de CO2.

Objectifs avancés à 2025

Toyota doit donc avancer très rapidement sur le 100% électrique, technologie pour l'instant absente de sa gamme, tout en continuant à accélérer la conversion à l'hybride de l'ensemble de ses modèles, quitte à ce que cette motorisation devienne une sorte de standard. La célèbre Prius (désormais déclinée en hybride rechargeable) et la Mirai électrique-hydrogène constituent les véhicules les plus avancés de la marque en matière de véhicules à très basses émissions, mais le passage au zéro émission est désormais une étape obligatoire pour Toyota.

Le géant japonais lance donc une grande offensive, en avançant notamment de 5 ans ses objectifs en matière d'électrification de sa gamme. La moitié des ventes mondiales du groupe sera constituée de véhicules électrifiés (zéro émission, pile à combustible, hybride et hybride rechargeable) à horizon 2025, contre 2030 visé à l'origine.

Lancements multiples

Le fer de lance de cette accélération vers l'électrique sera une petite voiture urbaine à deux places (segment qui risque d'être le plus dynamique ces prochaines années), doté d'une autonomie de 100 km et d'une vitesse maximale de 60 km/h. Un engin strictement citadin, à prix étudié, censé apporter une solution pratique pour couvrir une écrasante majorité des besoins en termes de mobilité en ville. Il est destiné aux particuliers mais sera aussi regardé de près par tous les fournisseurs de solutions d'autopartage.

Mais ce n'est qu'un début. Dès l'année prochaine, Toyota présentera une dizaine de nouveaux modèles électriques de tous types, berlines, compactes, citadines et SUV. Ce dernier sera même développé sur une plate-forme commune avec sa filiale Subaru.

Partenariat avec le leader mondial de la batterie

Et même si le constructeur est lui-même fabricant de batteries, il va rapidement avoir besoin de ressources supplémentaires. C'est pourquoi un accord avec le fabricant chinois CATL, leader mondial de la batterie, a été signé. Ce dernier fournira notamment des batteries solides, bien plus performantes que les batteries actuelles. 

« Nous avons une grande expérience en la matière, grâce à nos technologies hybrides développées pour la Prius et l'ensemble de modèles hybrides », dit le Vice-Président Shigeki Terashi. « Mais il y a véritablement un fossé entre ce que nous sommes capables de produire, et ce dont nous allons avoir besoin dans les prochaines années », reconnait-il.

Equilibre prix décisif

Une offensive que les analystes du secteur automobile considèrent comme un signal capital pour l'ensemble de l'industrie automobile. « Toyota est le constructeur le plus à même de répondre aux durcissements réglementaires futurs, notamment en Europe », remarque le cabinet Evercore. « Avec cette poussée en faveur de l'électrique, ils vont diversifier leur offre et prendre une avance considérable, face à une concurrence qui va devoir lutter et dépenser beaucoup en investissements... Et en amendes futures pour non-respect des critères » poursuit la note d'analyse.

Les seuls points d'interrogation pour Toyota sont la rentabilité de ces véhicules, pour lesquels il va falloir trouver le meilleur des équilibres-prix ainsi que la capacité du Chinois CATL à lui fournir suffisamment de batteries, d'autant que le Chinois est également fournisseur de Nissan, Honda et Volvo, en pleine accélération également sur l'électrique.