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Avec le Brexit, Paris pourrait récupérer près de 10.000 emplois directs dans la finance

Sur le plateau de BFM Business, Christian Noyer, ancien gouverneur de la Banque de France, chiffre à 10.000 le nombre d'emplois directs créés grâce aux délocalisations depuis la City de Londres.

La perspective du Brexit a-t-elle poussé le secteur financier très présent à Londres à massivement délocaliser ses effectifs? La question fait débat.

Selon TheCityUk, un organisme qui défend les intérêts du secteur financier britannique, l’exode n’a pas eu lieu. "Selon le baromètre établi par EY entre 5.000 et 7.000 personnes ont été délocalisées sur un total de 2,3 millions. Donc les départs sont très limités", expliquait à l'antenne de BFM Business Gary Campkin, managing director TheCityUk.

Mais pour Christian Noyer, ancien gouverneur de la Banque de France et qui avait été mandaté par Manuel Valls pour séduire les acteurs financiers anglo-saxons après le Brexit, ces transferts sont en réalité plus importants et Paris en profite pleinement.

Le bilan "n'est pas du tout décevant. On a eu très récemment une nouvelle annonce qui est celle de JP Morgan: 450 personnes (pour les) activités de marché, après Bank of America. Je rappelle que JP Morgan et Bank of America sont les deux plus gros en activités de marché. Quand on rajoute les banques françaises qui sont très actives, HSBC qui développe son trading d'euro à Paris, plus un certain nombre d'autres... Les japonais, certains ont décidé de faire toute leurs activités de marché à Paris, d'autres britanniques comme Barclays développent leurs salles de marché à Paris, les autres américains font plus à Paris que ce qu'ils avaient prévu au début", détaille-t-il également sur l'antenne de BFM Business ce jeudi.

"Les réformes menées par le gouvernement payent"

"Donc on est en train de voir une concentration des activités de marché à Paris avec des répercussions sur plein d'autres métiers: les métiers comptable, les métiers juridiques, les métiers informatiques, donc là vraiment, je crois que c'est une grande réussite", souligne le responsable.

Christian Noyer met également en avant d'autres leviers. "Les réformes menées par le gouvernement payent: le droit du travail, les réformes de la fiscalité, la perspective d'avoir une nouvelle organisation du régime des retraites... Tout cela est très important".

Vers un effet boule de neige?

Pour autant, difficile de chiffrer précisément cet apport. "C'est difficile à dire parce que ça va venir progressivement (...) mais c'est peut-être 10.000 personnes directs. Mais ensuite il y a beaucoup de répercussions, il y a un effet boule de neige".

Quid des services financiers? Ils "appartiennent à l'univers du marché unique (...), ça allait avec la réglementation européenne (...). Or les Britanniques nous disent, non seulement on ne veut plus dépendre de la réglementation européenne mais on veut diverger. Conséquence, ils sortent du marché unique, il n'y pas de services financiers. (...) Il n'y aura qu'une seule possibilité qui est celle qu'on a ouverte à d'autres pays tiers qui ne suivent pas la réglementation européenne qui sont les régimes d'équivalence qui concernent essentiellement certaines infrastructures", détaille Christian Noyer. 

Olivier Chicheportiche