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« Les données sont éternelles »

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Nat Maple, Vice-Président et Directeur général Global Consumer Business chez Acronis, s'interroge sur le devenir de nos données personnelles, et s'il est encore possible d'en assurer la maîtrise.

Internet constitue peut-être le développement technologique le plus significatif de ces 25 dernières années. Alors que le web fête son 25e anniversaire, nous pouvons redécouvrir avec amusement à quel point nous avions une vision étriquée de ses réelles possibilités. Pourtant, même s'il est aujourd'hui omniprésent dans nos vies (une étude récente de Forrester révèle que près de 73% des adultes en France se rendent régulièrement sur internet), nous devons encore faire face à de nombreuses questions sur le devenir de nos informations en ligne. À qui appartiennent nos données ? Comment garder le contrôle de nos vies privées numériques ?
À mesure que la plupart d'entre nous mènent une vie et exercent une activité professionnelle étroitement liées à Internet, les données numériques occupent une part prépondérante dans la définition de notre société. De nombreuses personnes âgées de moins de 30 ans sont davantage susceptibles d'envoyer un SMS que d'avoir une conversion téléphonique. Nous sommes également davantage susceptibles d'envoyer un email ou utiliser une messagerie instantanée que d'avoir une conversation face à face avec un collègue. Cependant, personne ne semble vouloir aborder le fait que tous nos faits et gestes en ligne laissent des traces, et pour la première fois de notre histoire, nous documentons l'intégralité de nos activités sans même nous demander où et comment protéger toutes ces données. Nos données jouissent d'une vie éternelle, et nous sommes en quelque sorte nos propres historiens, le plus souvent sans nous en rendre compte.
En résumé, si nos données en ligne sont éternelles, nous devons considérer plus sérieusement la question de leur contrôle et de leur protection. Des bibliothèques aux musées, en passant par les peintures rupestres, nous avons employé diverses solutions par le passé pour conserver nos documents historiques. Cependant, alors que nous créons des données en quantité quasiment infinie chaque jour, pourquoi semblons-nous moins nous soucier de la manière de conserver nos données personnelles ?

Des volumes de données stockés qui donnent le vertige

IDC estime que la taille du monde numérique atteindra 40 zettaoctets (Zo) d'ici 2020, soit 50 fois plus que sa taille au début de l'année 2010. Plus de 250 milliards de photos ont d'ores et deja été téléchargées sur Facebook. En moyenne, 350 millions de photos y sont chargées par jour, soit plus qu'il n'y a d'habitants aux États-Unis.
Les utilisateurs d'Instagram y postent 35 millions de selfies par jour, soit plus de 400 par seconde. Sur Twitter, plus de 400 millions de tweets sont envoyés par jour, alors qu'en moyenne un livre compte 64 000 mots. Si chaque tweet comportait un seul mot (en réalité ils comportent en moyenne 28 caractères, soit plus qu'un mot normal), cela représenterait l'équivalent de 6 250 romans par jour.
Face à cette explosion de données créées, nous n'avons aucune idée de ce à quoi nos archives ressembleront dans 100 ans. Une chose est néanmoins certaine, de nombreux consommateurs n'ont pas conscience de l'importance de leurs données personnelles avant qu'un incident ne survienne- que se passe-t-il lorsque leur appareil, qui contient bien évidemment les traces de leurs activités numériques, ne soit endommagé, perdu ou volé ?
Alors que le volume de nos données augmente, la meilleure manière de conserver les informations est de le faire de manière invisible et automatique.

Imaginez un monde dans lequel chacun pourrait conserver ses données confidentielles

La quantité d'informations que nous créons, combinée à la relative jeunesse d'Internet, a donné naissance à divers domaines centrés sur les données, qu'il s'agisse de leur sauvegarde, de leur stockage, ou encore de leur classement et de leur tri pour le compte d'entreprises, de gouvernements ou de sociétés. Essayons un instant de déterminer ce qui serait nécessaire pour garantir la protection en ligne des données numériques d'un individu.
Imaginez un monde dans lequel chacun pourrait conserver ses données confidentielles et personnelles en toute sécurité, sans même devoir y réfléchir. À l'instar des logiciels de sécurité qui fonctionnent discrètement en arrière-plan et qui empêchent les virus et les autres menaces malveillantes d'infecter nos ordinateurs, un archivage automatique de nos données nous permettrait de gagner du temps et nous épargnerait une frustration certaine au moment de la défaillance inévitable de nos appareils. Nos données individuelles auraient ainsi la vie éternelle.
Si chacun d'entre nous s'occupait d'archiver ses propres données, nous serions en mesure de conserver un historique personnel, en plus des informations que nous mettons publiquement à disposition. Il est étrange de penser que le Président des États-Unis en 2032 aura une page Facebook qui retrace toute son adolescence. Même si une telle pensée soulève plusieurs questions sur les informations que nous choisissons de diffuser, elle permet également de comprendre l'urgence de protéger des périodes numériques de nos vies dans un endroit auquel nous seuls avons accès.

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Le titre de l'encadré ici

|||Nat Maple a rejoint en novembre 2012 Acronis, un spécialiste de la sauvegarde. Il occupe le poste de vice-président et directeur général, Global Consumer/SOHO, OEM et Online. Avant de rejoindre Acronis, il a travaillé pour Symantec et Intel.