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Axelle Lemaire: "En France, nous aurons des géants de l’internet mondiaux"

Axelle Lemaire, secrétaire d'Etat du numérique.

Axelle Lemaire, secrétaire d'Etat du numérique. - -

A l’occasion de la French Touch Conference qui démarre ce mardi à New York, Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat au numérique, marraine de l’événement, a fait un point sur la santé et le dynamisme des start-up françaises. Entretien.

C’est à la fois la troisième édition de la French Touch Conference de New York mais aussi le deuxième anniversaire de la French Tech. Comment se porte-t-elle?

Elle va bien pour ses deux ans, mais elle pourrait aller encore mieux. C’est la raison de ma présence pour cette troisième French Touch. Il s’agit de pousser nos ambitions toujours plus loin et toujours plus haut et continuer d’accompagner les start-up françaises à l’international. C’est l’enjeu.

Est-ce que le destin des start-up françaises est d’aller chercher à l"international les moyens de se développer ?

Cette idée de la fatalité de la délocalisation des jeunes entreprises innovantes commence à dater. C’est un discours que l’on entend de moins en moins. Il faut s’en féliciter dans la mesure où lorsqu’on voit la réalité des levées de fonds. En 2015, elles ont doublé par rapport à 2014. Et au 1er trimestre 2016, les montants de financement en capital risque ont déjà doublé par rapport à la même période de l’année 2015. On voit bien que l’on est sur une courbe ascendante de l’accès au financement. Il n’y a plus de fatalité à devoir partir à l’étranger pour trouver des financements et investir. Cela veut dire pouvoir recruter des ingénieurs, des développeurs, des commerciaux, mais aussi pouvoir prospecter dans des marchés hors de nos frontières qui n’étaient pas envisagés au départ, investir dans des technologies qui vont permettre de développer de la croissance et de faire plus de R&D. On est vraiment dans une problématique d’investissement. Tout cela est possible en France. Et l’une des raisons de ma présence à New York est de continuer à dire aux investisseurs étrangers de venir en France pour cofinancer avec des investisseurs privés et avec le partenaire public qu'est la Banque Publique d’investissement (BPI). Et s’ils ne le font pas, ils rateront des opportunités.

La compétence de nos techniciens repose sur un enseignement mondialement reconnu. De nombreuses entreprises étrangères viennent recruter nos talents à prix d’or ce qui crée une pénurie qui pénalise les start-up française. Que pensez-vous de cette situation 

Cet enjeu de l’accès aux meilleurs talents est très réel. Il a tendance en ce moment à sortir de la seule Silicon Valley, pour aller ailleurs aux Etats-Unis et aussi dans d’autres pays. Alors effectivement, sur des marchés qui sont mondiaux par définition avec des ressources humaines très mobiles au niveau international, on sent bien que cela devient un enjeu clé. C’est la raison pour laquelle nous avons mis l’accent sur des formations de haut niveau, en qualité, mais aussi en nombre. Aujourd’hui, toutes les grandes écoles, toutes les universités font le pari de cette innovation pour former les générations futures à ces métiers qui sont en très fortes demandes sur le marché du travail. C’est aussi la raison pour laquelle nous avons lancé le programme des French Tech Ticket qui permet d’attirer des créateurs d’entreprises, mais aussi des développeurs de talents de l’étranger vers la France.

Ce programme va s’amplifier puisque nous avons accueilli en France une première promotion de 50 personnes parmi plus de 1.400 qui avaient soumis leur candidature. Le Président de la République a souhaité que ce programme soit augmenté. Nous allons donc accueillir dans quelques mois 200 personnes, non pas seulement au sein des incubateurs parisiens, mais sur l’ensemble du territoire lorsque les métropoles French Tech le souhaiteront. Aujourd’hui, nous pouvons compter sur le réseau de la French Tech dans tous les territoires pour attirer les meilleurs et combler des besoins très réels. Et le dernier programme mis en œuvre est la grande école du numérique avec 171 formations labellisées dans toute la France pour mettre des jeunes sans emploi et sans diplôme mais qui dévoile un talent dans les métiers du numérique. Ils recevront cette caution officielle de l’Etat pour obtenir un entretien d’embauche afin de répondre aux besoins des entreprises.

En France, on a longtemps rêvé d’un Google français. Ce rêve s’est-il éteint ?

On rêve toujours de géants à l’international pour conquérir les marchés mondiaux. Un Google français, ce serait copier ce qui existe déjà. On voit bien tous les segments de la tech qui émergent aujourd’hui comme les objets connectés, la medtech, les biotech, les réseaux, sans compter toutes les french tech thématiques dont nous ferons l’annonce de labellisation d’ici quelques semaines, autant de dynamique entrepreneuriales qui permettront je crois de créer dans chacun de ces secteurs des géants de demain. Il faut faire attention de ne pas tomber dans l’autoflagellation. La France est un pays où il fait bon entreprendre, où il fait bon innover, où l’environnement créé par le gouvernement est favorable au développement et à a croissance des entreprises innovantes. Nous aurons des géants de l’internet mondiaux.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco