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Bac: une PME française permet aux profs de corriger les copies sur écran

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Basée à Montpellier, la société Neoptec a mis au point un logiciel qui sait anonymer et répartir entre les correcteurs les copies préalablement digitalisées. Cette année, quasiment tous les lycées français de l'étranger auront recours à cete technique qui évite les déplacements.

Après la philosophie et l’histoire-géo cette semaine, viendront les matières de spécialités lundi. Les épreuves écrites du Baccalauréat s’enchaînent du 15 au 22 juin en France avec dans la foulée le marathon de la correction des copies. Avec 695.600 candidats cette année, les enseignants affectés à cette tache ne chômeront pas. Mais pour ceux qui notent les élèves des lycées français de l’étranger, tout a changé.

Fini le temps perdu dans les déplacements, les copies sont désormais numérisées. En 2015, c'était le cas pour 75% des candidats ayant passé leur épreuve à l'étranger. Et cette année, 99% d'entre eux sont concernés par la correction à distance. L'Éducation nationale collecte les copies en fin d’épreuve puis les scanne. Le comptage, l’anonymat, le brassage des copies et leur distribution est ensuite assurée automatiquement. Les correcteurs n'ont plus qu'à se connecter à une plate-forme sécurisée en ligne et à relire le travail des lycées sur leur écran.

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- © Neoptec

Harmoniser les corrections

À l'origine de cette révolution, un logiciel baptisé Viatique. Son éditeur est une PME française d’une trentaine de personnes, basée à Montpellier. Fondée en 1994 par un ancien professeur d’université, elle a commencé à le commercialiser en 2010 et a été rachetée en 2015 par le groupe Euro Concours. Son nom? Neoptec. Elle revendique 7,8 millions de copies traitées depuis le lancement du service.

Viatique, "c’est comme un document partagé mais avec des outils pour harmoniser les corrections, suivre les correcteurs, leur permettre de communiquer entre eux, de façon sécurisée", décrit Thierry Catanzano, le directeur informatique de Neoptec. Testé depuis 2007, ce logiciel a non seulement convaincu l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE), dont dépendent les lycées français, mais aussi des écoles de commerces et d’ingénieurs, le ministère de l’Education nationale et celui de la Santé pour des concours de recrutement, etc. Il est même utilisé pour corriger les épreuves du Capes et de l’Agrégation.

"La correction des copies des concours de recrutement de l’Education nationale est dématérialisée à 40% cette année. L’objectif est d’atteindre les 100% l’an prochain", explique Thierry Catanzano.

Eviter les frais de déplacement

Mais pourquoi donc sonner ainsi le glas de la correction sur papier? Pour faire des économies bien sûr! Les copies d’un élève ne pouvant en aucun cas être corrigées par un professeur qui le connaît, celles-ci sont donc corrigées par des enseignants d’autres établissements. Or, pour les lycées français de l’étranger, cela engendrait des frais de déplacements considérables, les professeurs étant contraint de se rendre d’un pays à l’autre pour venir corriger sur place. Un professeur de mathématiques affecté à Singapour pouvait être amené à aller corriger des copies à Sydney.

L’argument pécuniaire est donc celui qui a convaincu l’administration. "L’intérêt de cette technique, c’est que les copies des élèves du Liban peuvent être corrigées par un correcteur à Paris", explique-t-on au ministère. On se refuse toutefois à indiquer le montant des économies réalisées, précisant seulement que l’organisation globale du baccalauréat a coûté 56,312 millions d’euros à l’Etat en 2015, à raison de 80 euros par candidat.

Les copies des candidats passant l’examen à Toulouse, Paris, Brest ou Albi suivront-elles? Il y a peu de chances qui cela arrive. Le ministère a fait ses comptes. "Financièrement, ce serait moins intéressant de passer au numérique", confie une porte-parole, expliquant que dans les académies du territoire national, les frais de déplacement sont largement moins élevés qu'à l’étranger, étant donné que les professeurs corrigent les copies des candidats de leur propre académie.

50% d'économies

Mais chez Neoptec au contraire, on veut croire à une amélioration financière possible. "Non seulement ce serait très bénéfique du point de vue de l’égalité des chances avec une harmonisation nationale des corrections, mais au niveau des coûts, cela pourrait apporter des améliorations très intéressantes pour l’Education nationale", soutient Thierry Catanzano, ajoutant toutefois que les discussions sur ce point ne sont pas amorcées. Pour l’instant, l’heure est à l’adaptation du dispositif pour les épreuves des Brevets de Technicien Supérieur.

"Naturellement, quand la correction des B.T.S. sera entièrement dématérialisée, il n’y a aucune raison que le Bac ne puisse pas l’être. Mais c’est au client de prendre la décision", soutient le directeur informatique de Neoptec.

En tous cas, au niveau des Ecoles européennes -réservées en priorité aux enfants des personnels des institutions de l’Union-, la dématérialisation des copies est jugé judicieuse par le secrétariat général. Dans un document daté d'avril 2016 (page15), il est estimé que cette dématérialisation permettrait de diminuer de 50% le coût des corrections des copies du Bac. Pour l'instant, la mesure demeure au stade de projet, bien qu'évoquée depuis plusieurs années.