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Baisse de la vitesse à 80 km/h: quel serait le montant de la facture?

A la vente, un panneau de signalisation vaut entre 65 et 350 euros, selon sa taille et la qualité de sa peinture auto-réfléchissante.

A la vente, un panneau de signalisation vaut entre 65 et 350 euros, selon sa taille et la qualité de sa peinture auto-réfléchissante. - Sébastien Bozon - AFP

La décision de baisser la vitesse à 80 km/h sur certaines routes n’a pas encore officiellement été prise, mais la question se pose déjà: combien coûtera l’ajustement de la signalisation sur 400.000 kilomètres de routes?

La décision ne sera officiellement prise qu’en janvier, mais la vitesse pourrait baisser de 90 à 80 km/h sur de nombreuses routes secondaires en 2018. Un changement qui implique la mise en place de nouveaux panneaux de limitation de vitesse.

"Environ 400.000 kilomètres de routes bidirectionnelles sans séparateur central sont concernés (sur le million que compte le réseau routier français)", peut-on lire dans un document destiné aux préfets, que s’est procuré Motonet.com.

20.000 nouveaux panneaux

Le même document estime qu’environ 20.000 nouveaux panneaux devront être installés, à la fois pour remplacer les panneaux "90" existants, et signaler la vitesse "lorsqu’il peut y avoir un doute sur la vitesse applicable". À combien peut-on chiffrer cette nouvelle mesure qui vise à faire baisser la mortalité sur les routes secondaires? Selon le magazine Challenges, le coût pour le contribuable d’un panneau de limitation de vitesse est de 80 euros. Les différents sites de fabricants de panneaux routiers annoncent des prix nets allant de 65 à 350 euros, selon la taille du panneau, et la qualité de la peinture réfléchissante. Acheter et poser 20.000 panneaux reviendrait donc à un coût de 1,6 million d’euros.

À titre de comparaison, en 2014, un rapport du Comité des experts du Conseil National de la Sécurité Routière proposait d’installer des lignes d’alerte sonore (comme sur les autoroutes) sur ces routes bidirectionnelles, pour prévenir les sorties de la chaussée. Installer ce type de dispositif coûte lui entre 3300 et 9300 euros du kilomètre, soit un coût total de 650 millions d’euros, estimait alors le comité d’experts.

Qui va payer?

Reste ensuite à savoir qui va payer. Les 400.000 kilomètres de routes concernées sont essentiellement des routes départementales, et nationales: les collectivités locales (départements mais aussi régions) sont donc responsables des travaux d’entretien et d’aménagement. Or, déjà en septembre 2015 dans le magazine spécialisé Le Moniteur, le délégué général du Syndicat des Équipements de la route (SER) Julien Vick notait la baisse continue des crédits pour les équipements routiers.

"Depuis 2013, le budget des pouvoirs publics dévolu aux équipements routiers diminue en moyenne de 50 millions d’euros par an, sur une enveloppe globale d’environ 450 millions. Or, il faut toujours intervenir le plus tôt possible pour limiter au maximum les coûts d’entretien", indiquait alors le délégué général du SER.

Le gouvernement n’a bien entendu pas encore détaillé le dispositif de financement des nouveaux panneaux. Mais le document destiné aux préfets donne lui quelques pistes en matière de délai.

"Combien de temps faudrait-il pour mettre en place cette mesure? Environ 6 mois. Pour une telle mesure, il faut prendre le temps de comptabiliser les panneaux 90, de les changer, voire de les bâcher temporairement (ce qui est autorisé par la réglementation)", est-il écrit dans le document de 5 pages.

Une mesure qui rapporterait par ailleurs 335 millions d’euros

C’est ce qu’a calculé AutoPlus dans son édition datée de ce vendredi 22 décembre. Le magazine estime qu’un peu moins de 1000 cabines de radars automatiques seraient aussi concernées par le passage à 80km/h. Comme les cabines ont flashé 4 fois plus sur les quelques dizaines de routes où les 80km/h ont été testés entre juillet 2015 et juillet 2017, AutoPlus estime que la baisse de la vitesse rapportera à l’État 335 milllions d’euros supplémentaires. De quoi couvrir le coût de reprogrammation des cabines, une information bien entendu non communiquée par le ministère de l’Intérieur.

Pauline Ducamp