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Les bandes dessinées veulent profiter du cinéma

Quai d'Orsay, de Christophe Blain, était déjà un succès de librairie avant la sortie du film.

Quai d'Orsay, de Christophe Blain, était déjà un succès de librairie avant la sortie du film. - -

Les films à succès adaptés de bandes dessinées françaises se multiplient. Mais à l'occasion du festival d'Angoulême, ce jeudi 30 janvier, les éditeurs expliquent que ces réécritures ne profitent pas systématiquement aux oeuvres originales.

Le 41ème Festival international de la bande dessinée d'Angoulême ouvre ses portes, ce jeudi 30 janvier, après une année où le répertoire de bande dessinée français a largement inspiré les réalisateurs.

Dix films tirés de BD françaises sont sortis en 2013. Les deux films les plus rentables de l'année, La vie d'Adèle et Les Profs, sont des adaptations; même le blockbuster Snowpiercer est tiré du Transperceneige, bande dessinée créée par Jean-Marc Rochette et Jacques Lob en 1984.

Les éditeurs cherchent désormais à tirer parti de ces succès en salle pour les reproduire dans les librairies.

Les ventes de Quai d'Orsay "dans la continuité" après la sortie du film

En 2013, le Festival a primé la série Quai d'Orsay, huit mois avant la sortie en salle de son adaptation cinématographique. Depuis, la bande-dessinée a dépassé le demi-million d'exemplaires vendus, dont 150.000 en 2013.

Selon Laurent Duvault, directeur du développement audiovisuel et international de Media participations, qui publie l'album, "les ventes se sont accélérées, mais nous sommes dans la continuité".

De même, la palme d'or de La vie d'Adèle, d'Abdellatif Kechiche, a "surtout eu des retombées à l'international" pour Le bleu est une couleur chaude, de Julie Maroh, dont le film est adapté, estime Véronique Philibert-Philbois, responsable des droits à l'international de Glénat.

Si l'éditeur américain de la bande dessinée, Arsenal Pulp, voulait déjà acheter les droits avant la sortie du film, la Palme d'or, à Cannes, a permis à la bande-dessinée d'être rééditée trois fois outre-Atlantique.

Mais le fait que le film n'ait pas le même nom que la bande dessinée, et la réaction mitigée de l'auteure à certaines scènes, n'ont pas poussé les spectateurs français dans les librairies.

L'intérêt du réalisateur est primordial

A l'inverse, "Le succès du Transperceneige a dépassé les libraires" depuis la sortie du film, selon Benoît Mouchart, directeur éditorial de Casterman. La bande dessinée, sortie dans les années 1990, était "plus culte que grand public".

Mais le réalisateur coréen Bong Joon Ho a voulu l'adapter, après être tombé sur un album pirate en Asie. Depuis, "Nous avons réimprimé la bande-dessinée deux fois, et une troisième édition sortira en même temps que le DVD", se félicite Benoît Mouchart. Le succès serait dû à "un phénomène assez rare: le réalisateur a parlé de la BD dans tous ses interviews".

Les séries adaptent leurs calendriers aux studios

Dans le cas des séries, les éditeurs cherchent à sortir leurs albums en même temps que le film. "Une bande-dessinée prend un ou deux ans à faire, c'est souvent plus long qu'un film", explique Laurent Duvault, directeur du développement audiovisuel et international de Media participations, qui réunit, entre autres, Dargaud et Dupuis.

La préparation du dernier album de Boule et Bill a donc commencé avant même le tournage du film.

Bamboo, qui édite la série Les Profs, d'Erroc et Mauricet, se lançait, elle, dans sa première adaptation. Le film leur a permis de vendre 245.000 albums, contre 150.000 en 2012.

Le succès de l'aventure a poussé le président de Bamboo, Olivier Sulpice, à ouvrir une branche pour adapter son catalogue. D'ailleurs, selon lui, "Cela permet également d'attirer de nouveaux auteurs", qui veulent contrôler leurs adaptations.

Droits image: Le Bleu est une couleur chaude, de Julie Maroh, éditions Glénat.

Les profs, tome 16, d'Erroc et Mauricet, éditions Bamboo.

Joseph Sotinel