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Banques : plus de 20% des Français à découvert tous les mois

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Plus d’un Français sur cinq est à découvert tous les mois sur son compte bancaire. Et quand les revenus sont trop faibles, la spirale "découvert, agios, crédit" peut avoir des conséquences dramatiques.

Un Français sur cinq, soit 21% de la population, est à découvert tous les mois. C’est le résultat d’une étude* de l’institut CSA pour Cofidis. Chez les 35 à 49 ans, on atteint même les 30% de personnes dans le rouge chaque mois. Autre enseignement : les découverts concernent surtout les femmes. 25% d’entre-elles le sont, contre 18% chez les hommes. Mais le découvert occasionnel touche bien davantage puisqu’un Français sur deux (48%) reconnait que son compte passe dans le rouge au moins une fois par an.

Un pouvoir d’achat qui diminue

Dans cette enquête, on apprend également que près de 6 français sur 10 (59%) estiment que leur pouvoir d'achat a « plutôt diminué » au cours des douze derniers mois. 55% pensent que leur pouvoir d'achat va « plutôt diminuer » au cours des douze prochains mois.

« On nous a autorisé un découvert et après c’est monté »

Dans le Nord, beaucoup de famille connaissent des situations financières délicates à l’image de Sylvie. Sans emploi, elle a 49 ans et vit avec son fils de 21 ans et son mari, technicien en informatique. Le seul salaire de la famille : 1 700 euros. Du coup, à la fin du mois, leur compte est systématiquement dans le rouge : « On avait du mal à finir le mois. On nous a autorisé un découvert de 1000 euros et après c’est monté. Et les agios en fin d’année représentent 17%. Ça creuse un trou déjà bien creusé ». Un découvert qui grossi au fur et à mesure des mois qui passent. A tel point que le salaire ne suffit plus. « Quand le salaire arrive, c’est pour boucher le découvert. Comme toutes les charges reviennent, à force on ne s’en sort plus. En plus avec la crise, je ne pense pas que cela va s’arranger ». Alors pour s’en sortir, Sylvie a pensé à faire un crédit pour rembourser la banque. Mais le problème reste le même : s’il n’y a plus de découvert, il y a un crédit. Du coup, elle a fait appel à une association qui l’aide à gérer son budget au centime près pour, tout doucement, sortir la tête de l’eau.

« A un moment, la banque ne vous suit plus »

Pour Robert Bréhon, président de l’UFC Que Choisir dans le Nord-Pas de Calais, être dans le rouge une fois par mois est malheureusement très simple : « Vous avez 1 000 euros pour vivre sur le mois. Vous allez dépenser 1 200 euros. Sur les 200 euros vous allez payer des agios. C’est un crédit à 18 ou 19%. Sur ces 200 euros vous allez payer 40 euros supplémentaire. Si vous faites ça tous les mois vous augmentez votre dette et à un moment, la banque ne vous suivra plus. Ça vous met dans des situations difficiles qui peuvent vous conduire vers le surendettement ».

« Ces dépassements sont monnaie courante »

« Il y les difficultés de pouvoir d’achat qui ne s’arrangent pas. On a de plus en plus de personnes vivant avec des minimas sociaux. Ce qui arrive aussi c’est la difficulté d’accès au crédit, constate Robert Bréhon pour qui les risques de se retrouver à découvert de manière récurrente sont de plus en plus fréquents. Ces dépassements sont donc devenus monnaie courante. C’est une solution que trouvent les consommateurs pour finir le mois. Ce n’est pas pour se procurer le dernier téléphone ou le dernier téléviseur, mais pour s’acheter à manger, payer l’électricité, le loyer ».

*L'enquête a été réalisée du 28 au 30 août auprès d'un échantillon national représentatif de 1.002 personnes âgées de 18 ans et plus, constitué d'après la méthode des quotas.

La Rédaction avec Lionel Top