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Bâtiment : activité mitigée au deuxième trimestre

La construction, qui a détruit près de 200.000 postes depuis 2008, a connu sa première année positive en neuf ans.

La construction, qui a détruit près de 200.000 postes depuis 2008, a connu sa première année positive en neuf ans. - PHILIPPE HUGUEN - AFP

Après un an et demi de recul, le nombre de permis de construire est resté stable sur un. Par contre, les mises en chantier poursuivent leur déclin.

C’est un peu le thermomètre de l’activité, les chiffres du bâtiment sont scrutés de près par les analystes. Après un an et demi de baisse, le nombre de permis de construire s’est stabilisé au deuxième trimestre à 111.800.

C'est notamment dans les logements individuels, c'est-à-dire les maisons, que les permis connaissent un rebond, que ce soit dans le pur (+3,7%) ou le groupé (+3,2%). Le premier correspond aux maisons individuelles résultant d'une opération de construction ne comportant qu'un seul logement, tandis que le second regroupe celles qui sont intégrées à un programme plus large. Par contraste, les immeubles ne connaissent pas d'embellie : les permis y déclinent (-6%) même s'ils ralentissent leur baisse par rapport au précédent trimestre.

De leur côté, les mises en chantier demeurent en déclin de 7,9% à 95.300. Le recul est particulièrement marqué dans les immeubles avec -11%.

Frein des élections municipales de 2020

Malgré le choc de l’offre promise par le gouvernement, l’année se caractérise par une baisse continue des permis de construire. Sur les douze mois à fin juin, 409.300 logements ont été ont été mis en chantier en France - un plus bas depuis juin 2017, et 446.900 ont été autorisés à la construction, soit le même niveau qu'à fin mars.

« Les chiffres restent honorables, ce sont des niveaux tout à fait bons, mais il y a quand même un repli continu depuis un an et demi », a résumé à l'AFP Olivier Eluère, économiste spécialiste de l'immobilier au Crédit Agricole. « Autant l'ancien marche très bien, autant le neuf est en léger tassement depuis quelques trimestres ».

Les professionnels et les économistes évoquent différentes raisons, dont la réduction annoncée d'aides à la propriété ainsi que la prudence des élus à octroyer des permis avant les municipales de 2020.

En juin dernier, la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) s'était inquiétée des difficultés à mettre des projets en route en raison de ces élections à venir.

« Le marché est bon, le problème c'est la production. La production est compliquée. Les municipales sont un frein puissant », avait commenté le vice-président de la fédération, Marc Villand.

Un constat partagé par une étude d’Euler Hermes qui table sur un ralentissement de la croissance en volume à +1,5% en 2019, « du fait de difficultés concernant la demande, la rentabilité et la liquidité ».

L'année 2018 était déjà marquée par un repli, avec en tout 460.500 permis de construire, soit 7,1% de moins qu'en 2017, et 398.100 mises en chantier de logements, une baisse de 7% qui avait frôlé 20% sur le seul dernier trimestre.

Un repli qui a provoqué de nombreuses défaillances d’entreprises. « En 2018, le secteur reste de loin le premier secteur en nombre de défaillances d’entreprise. Il représente à lui seul plus du quart des défaillances métropolitaines avec 14.317 ouvertures de procédure. Le secteur affiche cependant sur un an une baisse du nombre de défaillances de 3,2 %, quand la baisse est de 1,9 % sur le plan national, toutes activités confondues », explique Franck Paquotte, Chargé d'études économiques & partenariats chez Ellisphere.

Olivier CHICHEPORTICHE