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Batteries électriques: Verkor, la start-up française qui voit les choses en grand

Verkor compte lancer en 2022 la construction d'une usine géante de batteries destinées aux véhicules électriques. Son PDG Benoît Lemaignan était l'invité de BFM Business.

La start-up française Verkor veut se faire une place dans la production des batteries destinées aux véhicules électriques. La jeune pousse tricolore, soutenue notamment par Schneider Electric, veut lancer la construction, dès 2022, d'une "gigafactory" qui viendrait répondre aux besoins de l'industrie automobile française, mais aussi espagnole et italienne. Les premières cellules seraient livrées en 2023. Benoît Lemaignan, son PDG, était l'invité ce mardi matin de Good Morning Business sur BFM Business.

Face à la multiplication des projets qui se multiplient sur le sol européen, y-aura-t-il de la place pour tout le monde? "L'Europe est un marché d'une vingtaine de millions de véhicules vendus chaque année. Un véhicule à batterie aujourd'hui nécessite une batterie de l'ordre de 50 à 100 kWh. Une usine telle que nous souhaitons développer peut produire des batteries pour 120.000 à 150.000 véhicules. Il y a de la place pour une vingtaine d'usines de ce type-là en Europe dans la prochaine décennie", affirme Benoît Lemaignan.

"D'ici à 2030, nous allons massivement modifier notre façon de nous déplacer (…). L'enjeu pour nous, Français, c'est de se doter de ses capacités industrielles pour tirer toute la filière, des matériaux de base jusqu'au recyclage en passant par la production de batteries. En France, il y a besoin d'une, deux, trois, quatre usines pour pouvoir être un pays industriellement puissant sur cette filière", poursuit le dirigeant, qui voit une complémentarité plus qu'une concurrence dans l'autre projet français porté par Total et PSA.

Le contre-exemple de l'énergie solaire

Et il faut aller vite. "La prochaine révolution des batteries s'appuiera sur la technologie d'aujourd'hui. Elle ne va pas sortir de nulle part", estime-t-il. "En France, on a souvent voulu passer directement sur la technologie d'après. C'est un vrai risque. Si je prends l'exemple malheureusement bien connu [de l'énergie solaire], on a souvent essayé en France ou en Europe de pousser une nouvelle technologie, sauf que les volumes dans la technologie [existante] étaient tels que les coûts étaient irrattrapables", rappelle le patron de Verkor.

Sur la technologie actuelle, la batterie lithium-ion, "il y a des réserves d'amélioration de la productivité de l'ordre de 5 à 10% par an", assure-t-il. "Cela veut dire que les coûts vont encore baisser, que les voitures vont devenir plus accessibles. Se doter de ses capacités de production nous permettra dans cinq ans, dans dix ans, dans quinze ans, de faire la bascule sur la technologie suivante (…), parce qu'il n'y aura pas toute l'usine à redémarrer", avance Benoît Lemaignan.

Jérémy Bruno