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La BCE pourra-t-elle maintenir ses taux inchangés?

L'inflation en zone euro est actuellement à 0,7%, loin très loin des 2% visés par la BCE.

L'inflation en zone euro est actuellement à 0,7%, loin très loin des 2% visés par la BCE. - -

La Banque centrale européenne tiendra, jeudi 7 novembre, sa conférence mensuelle. L'institution doit actuellement composer avec une inflation proche de zéro, ce qui pourrait la pousser à baisser ses taux avant la fin 2013.

Cette fois, la Banque centrale européenne (BCE), qui tiendra jeudi 7 novembre sa conférence mensuelle, ne pourra plus contourner le problème. Lors de la dernière réunion, Mario Draghi, le président de la BCE, avait évacué d'un revers de la main la faiblesse de l'inflation en zone euro, en affirmant que la hausse des prix évolue "comme nous l'anticipons".

Mais depuis le phénomène s'est encore aggravé. Le 31 octobre dernier, l'inflation en zone euro a atteint un plus bas depuis 2009 à 0,7%, très loin des 2% que vise la BCE. Du coup, la publication de cette statistique a été suivie par une baisse prononcée de l'euro face au dollar.

"Les marchés de changes se sont positionnés sur la réunion de la BCE et tablent sur un discours plus accommodant, voire sur une éventuelle baisse des taux", commente Guillaume Menuet, économiste zone euro chez Citigroup.

Le taux de change comme risque

De fait, les marchés pensent que la BCE va agir pour affaiblir davantage l'euro. Car, comme le souligne Clemente de Lucia, économiste zone euro chez BNP Paribas, depuis août 2012, la monnaie s'est appréciée de plus de 10% face au dollar mais aussi de 40% face au yen et 7% face à la livre britannique.

Or, plus le taux de change est élevé plus il pèse sur l'activité et donc tire l'inflation vers le bas. Clemente de Lucia cite une analyse qui montre "qu’une hausse de 10 % du taux de change effectif nominal réduit l’inflation de 0,4 à 0,6 point de pourcentage au bout d’un an". Il estime ainsi que la BCE devrait passer à l'offensive, mais pas lors de la réunion du jeudi 7 novembre.

Une analyse partagée par Marie-Pierre Ripert, de Natixis. Dans une note du 25 octobre dernier, elle expliquait qu'une baisse de taux d'ici à la fin de l'année "nous semble de plus en plus probable, en raison de la nécessité de préserver sa crédibilité sur son objectif d'inflation".

Quelle décision?

De son côté, Frederik Ducrozet, économiste chez Crédit Agricole CIB note que "le simple fait que les médias se soient saisis du thème de la faible inflation a mis la pression sur la BCE pour "faire quelque chose" sur ce sujet". Selon lui, une baisse des taux jeudi "n'est pas à exclure", même s'il ne privilégie pas cette hypothèse.

Toutefois, "il y a une différence entre ce que la BCE devrait faire et ce que la BCE fera", tempère Guillaume Menuet.

"Actuellement, il n'y a pas énormément d'inquiétude de la part de la BCE sur l'inflation. Une faible inflation a même un impact légèrement positif sur le pouvoir d'achat des ménages. De plus, la marge de manœuvre sur les taux est faible. Plusieurs gouverneurs [de la BCE, ndlr] pensent déjà qu'ils sont suffisamment bas", argumente-t-il.

Julien Marion