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Ben Smith a t-il toutes les cartes pour redresser Air France?

Le patron d'Air France-KLM s'est rendu aux Pays-Bas ce vendredi (Photo d'illustration)

Le patron d'Air France-KLM s'est rendu aux Pays-Bas ce vendredi (Photo d'illustration) - CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Auditionné ces derniers jours devant le Sénat et l'Assemblée Nationale, le nouveau directeur général d'Air France-KLM a dressé sa feuille de route.

Ben Smith ne veux pas perdre de temps. 4 mois après son arrivée à la tête d'Air France-KLM, le nouveau directeur général est sur le point de pacifier les relations sociales dans l’entreprise. Disparition de la marque Joon et intégration des personnels navigants au sein d'Air France, augmentation des salaires pour les navigants et les personnels au sol.

Ben Smith n'attend plus que l'accord définitif des membres du SNPL, principal syndicat de pilotes, qui doivent se prononcer, par referendum, dans les jours qui viennent, sur l'accord salarial signé avec la direction. Sauf énorme surprise il devrait être accepté sans difficulté. (Rémunérations en hausse en échange de davantage flexibilité). Ben Smith l'a toujours dit: « Il faut stopper ces luttes internes qui livrent nos clients sur un plateau à la concurrence ». C'est son premier chantier. Il est en passe d'être réussi.

Ben Smith à maintenant les coudées franches pour commencer à dérouler sa stratégie industrielle: montée en gamme, relance de la marque Air France, rationalisation de la flotte, développement des services, synergies avec KLM ou encore exploitation de l'immense base de données clients. Un chantier conséquent. Seulement Ben Smith va devoir composer avec des éléments qu'il ne maîtrise pas.

« Les charges et la fiscalité nous tirent vers le bas »

A l'occasion de ces récentes auditions au Sénat et à l'Assemblée, Ben Smith a expliqué que « le niveau des cotisations sociales attachées aux rémunérations des personnels étaient un handicap majeur en terme de compétitivité. Les charges et la fiscalité nous tirent vers le bas ! Nous souhaiterions pouvoir en discuter ».

Pour étayer ces propos, Ben Smith rappelle la guerre impitoyable que se livrent les compagnies aériennes et la difficulté de rivaliser avec les low-cost et les compagnies du Golfe, largement subventionnées. Rien qu'en Europe, en terme de compétitivité, c'est le grand écart. Si Air France était basée en Allemagne, la compagnie économiserait 500 millions d'euros explique Ben Smith et 700 millions aux Pays-Bas.

Des chiffres qu'Air France brandit depuis bientôt 10 ans dans l'espoir d'alerter les pouvoirs publics. Dans la même veine, Ben Smith à taclé la taxe de solidarité sur les billets d'avion «une charge injuste sur un secteur exposé à la concurrence internationale». Ces questions ont d'ailleurs été au coeur des assises du transport aérien, plusieurs mois de discussions et de tables rondes... Dont on attend toujours les conclusions.

Autre motif d'inquiétude, une taxe sur le kérosène. L'éxonération dont bénéficie les compagnies aériennes à été très décriée pendant la crise des gilets jaune. Là , c'est Anne-Marie Couderc qui monte au front, la présidente du conseil d'administration d'Air France reconnait que la création d'une telle taxe serait « dramatique ».

Roissy Charles de Gaulle , un camp de base... En devenir

Pour rayonner, Air France à besoin d'une place forte, l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle, sa vitrine. Oui, Roissy se transforme et se modernise petit à petit, seulement le travail qui reste à faire est considérable. « Roissy est absolument fondamental pour Air France » ! C'est d'abord le temps d'attente aux contrôles qui agace Ben Smith, il dénonce une situation « inacceptable » et « frustrante » pour les clients. Il réclame donc davantage de personnels. « Pourquoi, s'interroge Ben Smith, ne pas mettre en place comme aux Etats-unis, des cartes permettant aux clients réguliers de passer les contrôles de sécurité plus rapidement ? »

Globalement, les accès routiers, les transports, la capacité des terminaux et la complexité du cheminement pour les correspondances, doivent être revus explique Ben Smith. « Nous n'avons pas ces problèmes à l'aéroport d'Amsterdam » !

Interrogé par les sénateurs et les députés sur la privatisation de Paris Aéroport, Ben Smith indique que « la privatisation importe peu tant que l'impact n'est pas négatif pour Air France, c'est une inquiétude et un espoir ». Le directeur général veut obtenir des gages sur les futures redevances aéroportuaires. « Si nous achetons un avion 150 millions d'euros, combien va nous coûter l'aéroport ? Il nous faut une visibilité sur les frais d'exploitation qui nous serons facturés ! » explique t'il.

« L'alignement » c'est le credo de Ben Smith et d'Anne-Marie Couderc: « Etat, collectivités et acteurs économiques doivent œuvrer dans le même sens. En clair, on va avoir besoin de vous. C'est bien là toute le défi du mandat de Ben Smith que de transformer une entreprise dans un environnement que l'on ne maîtrise pas.