BFM Business
Transports

Bercy refuse de céder le contrôle de STX à Fincantieri

L'État français détient déjà 33% du capital des chantiers de Saint-Nazaire

L'État français détient déjà 33% du capital des chantiers de Saint-Nazaire - LOIC VENANCE / AFP

L’État veut empêcher Fincantieri de détenir la majorité des chantiers navals de Saint-Nazaire. Il discute avec les croisiéristes d’un investissement en tant qu’actionnaires minoritaires. Encore une pomme de discorde entre la France et l’Italie.

Diviser pour mieux régner. C’est l’état d’esprit du gouvernement français sur le dossier STX. Fincantieri a été choisi par le tribunal de commerce de Séoul pour reprendre 66% des chantiers navals de Saint-Nazaire, jusqu’ici détenus par un groupe coréen en faillite. Mais l’italien doit désormais s’entendre avec l’État français, qui détient les 33% restants. Les discussions s’annoncent serrées et doivent être bouclées pour fin avril. Le secrétaire d'État à l'Industrie Christophe Sirugue refuse que Fincantieri contrôle STX. "Les italiens doivent être un actionnaire de référence très large, mais nous ne souhaitons pas qu’ils aient la majorité du capital", explique-t-on dans l’entourage du secrétaire d'État. "Bercy est arc-bouté pour les faire descendre sous la barre des 50%" ajoute une source proche du dossier.

De leur côté, l’État français et son partenaire industriel DCNS "ne souhaitent pas non plus nationaliser les chantiers navals" a déclaré Christophe Sirugue sur BFM Business la semaine passée. Pourtant, les élus locaux et les syndicats s’inquiètent de voir Fincantieri mettre la main sur les chantiers navals de Saint-Nazaire. Selon nos informations, l’État refuse aussi que la région Pays de la Loire investisse pour diluer la présence de Fincantieri. Son président Bruno Retailleau avait caressé l’idée que la région entre au capital de STX pour sauvegarder les emplois locaux.

Les croisiéristes bientôt reçus à Bercy

Du coup, l’État se tourne vers une troisième voie. Selon les informations de BFM Business, il discute avec les opérateurs de croisières Royal Caribbean et MSC Croisières pour les faire entrer en tant qu’actionnaires minoritaires. Cela permettrait de diminuer la part de Fincantieri en-dessous de 50%. Les deux croisiéristes doivent être reçus à Bercy courant février. L'État conserverait sa minorité de blocage avec 33% et DCNS pourrait monter à hauteur de 10%. Avec Fincantieri à environ 49%, les croisiéristes prendraient un peu moins de 10%.

Les discussions sont sensibles pour l’État français car Fincantieri est détenu à 71,6% par l'État italien. "Le volet diplomatique prend de l’importance, explique un des acteurs de la négociation. Il est à surveiller". Ces derniers mois, les investissements français en Italie se sont multipliés, au point de créer un sentiment anti-français de l’autre côté des Alpes. Vincent Bolloré a racheté 30% de Mediaset, l’empire des Berlusconi, après avoir pris 25% de Telecom Italia. Plus récemment, le français Essilor a racheté Luxottica et la banque Amundi, filiale du Crédit Agricole, a racheté son homologue italien Pioneer. Ces dernières semaines, les rumeurs prêtaient à Axa des vues sur l’assureur Generali.

Jean-Baptiste Huet et Matthieu Pechberty