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"Il y a un mythe comme quoi il faut absolument être une licorne"

Bernard Liautaud, un des pères de la french tech, était l'invité de Stéphane Soumier dans Good Morning Business ce mardi.

Bernard Liautaud, un des pères de la french tech, était l'invité de Stéphane Soumier dans Good Morning Business ce mardi. - BFM Business

"L'homme d'affaires français Bernard Liautaud, investisseur avisé dans des entreprises toujours technologiques, a expliqué sur BFM Business ce mardi comment reconnaître une vraie licorne d'un mythe."

L'un des pères de la French tech. C'est souvent ainsi qu'est désigné Bernard Liautaud, co-fondateur avec Denis Payre de la première boîte française cotée au Nasdaq: l'éditeur de logiciel Business Objects. Créée en 1990, elle sera revendue en 2008 au géant allemand du logiciel SAP.

Aujourd'hui, Bernard Liautaud administre Talend, une entreprise spécialisée dans le big data. La start-up est née en France, mais a dû partir en Californie pour se développer. Elle a fait "ce que font pas mal d'entreprises aujourd'hui: installer un centre de décision aux États-Unis tout en gardant une grosse partie du développement en France", a estimé l'homme d'affaires sur BFM Business ce mardi.

"Les entrepreneurs français vont revenir"

Alors certes, sans les sièges sociaux en France, c'est la majeure partie de la valeur ajoutée qui s'encaisse hors des frontières françaises. Mais pour Bernard Liautaud "il faut avancer, développer le modèle qui fonctionne aujourd'hui. Et au bout d'un moment, il y a des entrepreneurs français qui se sont développés aux États-Unis qui vont revenir, qui vont créer des entreprises ici. Et petit à petit, quand la France deviendra adaptée à ce marché, ça va venir, les entrepreneurs resteront et créeront leur siège ici", assure l'homme d'affaires.

Bernard Liautaud dirige par ailleurs le fonds d'investissement Balderton. Il a investi pour 2,3 milliards d'euros dans différentes entreprises de la Tech. Des pépites qui se nourrissent de connectivité, de cloud, de puissance de calcul. "Il y a des sociétés, des business model, des innovations, qui se font parce qu'il y a une infrastructure qui n'existait pas il y a peu. Ne serait-ce que parce que tout le monde est connecté aujourd'hui. On dispose d'une masse d'informations à laquelle on n'avait pas accès auparavant. Tout cela crée un système qui fait apparaître des applications sur le mobile qui étaient jusque-là impensables".

"Il y a différents types de licornes"

Certains disent qu'on a été trop loin dans la valorisation de certaines de ces entreprises. Ces licornes qui valent plus d'un milliard avant même d'avoir été cotées, on prédit leur krach. "Un certain nombre de licornes ont déjà craqué. Très récemment une société du monde des paiements en Angleterre, qui valait 2,7 milliards, a fait faillite" rappelle Bernard Liautaud. Pour autant, "il y a plusieurs types de licornes, il y en a des vraies, avec un business model derrière, du chiffre d'affaires. Chez Criteo par exemple, ce qui est intéressant ce n'est pas tant qu'ils valent 2,5 milliards, c'est que leur chiffre d'affaires atteint 1,3 milliard. Et la croissance est extraordinaire. C'est ce qu'il faut regarder".

En somme, "il y a eu un engouement incroyable, les investisseurs ont mis beaucoup d'argent. Trop. À des valorisations qui n'ont plus beaucoup de sens. Sur le dernier trimestre 2015, il y a eu douze sociétés valorisées à plus de 1 milliard. La moitié sont valorisées entre 1 et 1,1 milliard. Est-ce que la moitié vaut vraiment cette somme? Non! Ça veut dire qu'il y a cette espèce de mythe, qu'il faut être une licorne absolument!", s'amuse Bernard Liautaud. Il entrevoit pourtant un "un retour à la raison aujourd'hui".

N.G.