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BFM Awards de la Saga familiale: la famille Revol

Bertrand à droite et Olivier Passot à gauche, aujourd'hui à la tête de l'entreprise familiale.

Bertrand à droite et Olivier Passot à gauche, aujourd'hui à la tête de l'entreprise familiale. - -

L’Award de la Saga familiale récompense cette année une entreprise dirigée depuis plus de deux cents ans par les descendants de son fondateur. La maison Revol, qui a vu le jour en pleine Révolution française, n’a jamais cessé de se réinventer. Dans les années 2000, sous l’impulsion d’Olivier Passot, actuel dirigeant de l’entreprise, Revol change de cap et s’inscrit plus que jamais dans la durée.

Revol est aujourd’hui connu du grand public pour un produit: des gobelets en porcelaine qui rappellent des gobelets en plastique froissés. Une innovation majeure qui a même séduit McDonald’s en 2010.

Pour l’achat d’un menu et d’un café une tasse Revol était offerte. Pour l’occasion, la marque de porcelaine avait décliné son gobelet en six couleurs. Un partenariat, renouvelé à plusieurs reprises, qui marque plus que tous les autres le virage pris dans les années 2000. À l’époque, la société de porcelaine est surtout concentrée sur le marché de l’hôtellerie et de la restauration.

Aujourd’hui encore, elle travaille avec des grands chefs, comme la triple étoilée Anne-Sophie Pic. Mais avec l’arrivée de produits chinois sept à dix fois moins onéreux, le groupe est alors obligé de se diversifier et de faire sa "révolution", de l’aveu même de son dirigeant.

Revol fait sa révolution

Le virage est alors radical. En quelques mois l’entreprise doit faire sa mue et s’inventer un avenir sur le marché grand public. "Nous sommes allés vers des produits à plus forte valeur ajoutée, “design”, qui s’inscrivaient dans l’histoire de la marque", rappelle Olivier Passot.

Une évolution réussie. Les ventes suivent et les clients affluent. "Ils ont donné un peu d’air dans un secteur de l’art de la table qui a parfois du mal à se réinventer", note une spécialiste du domaine. Innover pour durer pourrait être le créneau de l’entreprise, qui a réalisé l’an dernier presque 20 millions d’euros de chiffre d’affaires. Ce qui représente une progression de près de 50% depuis 2009.

Les deux tiers sont réalisés à l’international. Le groupe est distribué aujourd’hui dans plus de 80 pays. L’entreprise, qui emploie plus de 200 salariés, assure toujours sa production en France. "Même si ce n’est pas tous les jours facile, être français, dans notre secteur, est un atout", estime Olivier Passot.

Mais le groupe a toujours su s’adapter. En inventant le coulage traditionnel, Revol a par exemple révolutionné la production de porcelaine au début des années 1900. En 2011, c’est la gamme Révolution, compatible avec toutes les sources de chaleur et confectionnée à partir d’un nouveau matériau breveté, qui est venue renforcer l’offre.

Onze générations de chefs d’entreprise

C’est vrai qu’il y a de quoi raconter autour de cette marque. Il existe, en effet, assez peu d’entreprises comme Revol. La marque de porcelaine est née dans la Drôme en… 1789.

L’idée de "révolution" est d’une certaine manière dans ses gènes. Elle est toujours détenue par la même famille. Olivier Passot, aux commandes depuis 2007, représente la onzième génération. Revol a vu passer treize régimes politiques dont cinq républiques.

Il existe moins de 40 entreprises dans le monde à avoir plus de deux cents ans et dont la famille du fondateur est toujours aux commandes. Ces entreprises familiales se sont même rassemblées au sein d’un club appelé "Les Hénokiens".

C’est la découverte de kaolin, argile qui sert à la fabrication de la porcelaine, qui a décidé la famille Revol à créer une usine dans la Drôme, département dans lequel ils sont toujours installés. Une suite presque logique pour cette famille de faïenciers. Une famille qui ne compte pas passer la main. "Nous aimons dire que nous sommes locataires de l’avenir de l’enfant", conclut Olivier Passot.

Emmanuel Duteil