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Energie

Bientôt du gaz de schiste américain dans les gazinières des Français

À l'instar de la Norvège et du Portugal, la France s'apprête à recevoir du gaz de schiste en provenance des États-Unis. (image d'illustration)

À l'instar de la Norvège et du Portugal, la France s'apprête à recevoir du gaz de schiste en provenance des États-Unis. (image d'illustration) - David McNew - Getty Images North America - AFP

"Dès cet été, la France devrait être approvisionnée par les États-Unis en gaz de schiste. Une source d'énergie fossile toujours très controversée. "

Petite révolution dans le secteur de l'énergie. Selon Le Parisien, la première cargaison de gaz de schiste, transformé pour l'occasion en gaz naturel liquéfié, pourrait être réceptionnée par les dockers du terminal méthanier de Dunkerque (Nord) au début du mois de juin. 

Après la Norvège, et plus récemment le Portugal, la France s'apprête donc à rejoindre le club très fermé des pays européens importateurs et consommateurs de ce gaz "non conventionnel". Et ce alors même que l'État interdit sur son territoire, depuis la loi du 13 juillet 2011, l'exploitation de cette ressource. La méthode employée pour son extraction (fracturation hydraulique) étant jugée dangereuse et trop peu respectueuse de l'environnement. 

Les énergéticiens EDF et Engie à la manœuvre

L’arrivée de ces premières tonnes de gaz de schiste en France est cependant loin d'être un hasard. Les Français la doivent aux énergéticiens EDF et Engie. En juillet 2014, l'ex-électricien public s’est rapproché de la compagnie texane Cheniere Energy pour conclure un accord portant sur la fourniture d’un million de tonnes de gaz naturel liquéfié, soit l’équivalent d’une cinquantaine de cargos. 

Quelques mois plus tard, en septembre 2014, Engie (ex-GDF Suez) signait à son tour avec cette major américaine et s’engageait à lui acheter pendant cinq ans, jusqu’à 12 cargaisons de gaz de schiste par an. Désormais pilotée par Isabelle Kocher, l’entreprise devrait recevoir sa première livraison à l’horizon 2018.

Une décision géopolitique 

Pour justifier leurs choix, qui suscitent un début de polémique, les deux entreprises mettent en avant le coût compétitif de cette ressource fossile. Dans les colonnes du Parisien, Engie affirme que "l’arrivée du gaz américain permet de maintenir les prix à des niveaux bas pendant les trois ou quatre années à venir". Alors même que la facture des ménages français a déjà diminué de 16% en un an. 

Économiste et spécialiste des énergies, Thomas Porcher ne partage pas cette analyse. Selon lui, si la France (via ces deux entreprises historiques) et plus généralement l'Union européenne se tournent vers une ressource provenant des États-Unis c'est plus pour des raisons géopolitiques qu'économiques, explique-t-il.

"L'Europe est au milieu de deux géants. La Russie et les États-Unis. Elle a le choix entre acheter un gaz qu'elle ne juge pas très démocratique et acheter un gaz sale" issu de la fracturation hydraulique.

L'économiste rappelle également qu'en cas d'adoption du Tafta, "qui a pour but de multiplier les échanges" de plus en plus de transactions de ce type, allant à l'encontre de la transition énergétique, pourraient avoir lieu. 

Antonin Moriscot