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Biotech : La pépite française DBV dévisse en bourse

1 million d'enfants américains sont atteints d'une forme aiguë d'allergie à l'arachide, potentiellement fatale.

1 million d'enfants américains sont atteints d'une forme aiguë d'allergie à l'arachide, potentiellement fatale. - JEAN-PIERRE MULLER / AFP

C'est le gadin de l'année en bourse. DBV Technologies, habitué aux remous boursiers, a dégringolé de 70% sur Euronext ce jeudi. La biotech française, spécialisée dans le traitement des allergies, a retiré à la surprise générale la demande de commercialisation aux Etats-Unis de son produit phare, le Viaskin Peanut.

Pour la pépite française, c'est un gros coup dur. Après 15 ans de recherche et d’expérimentation, DBV Technologies pensait pouvoir commercialiser le Viaskin Peanut, son patch pour lutter contre les allergies à l'arachide, dans le courant de l'année prochaine aux Etats-Unis. Après des échanges avec la FDA, l'agence américaine des produits alimentaires et des médicaments, la biotech a préféré retirer sa demande d'enregistrement, avant d'essuyer un refus.

L’efficacité du patch pas remise en cause

Le dossier constitué par DBV était pourtant conséquent, « il peut tenir dans une pièce de 30 mètres carré » expliquait au mois d'octobre sur BFM Business Pierre-Henri Benhamou, le président de DBV. Encore trop léger pour le gendarme américain des médicaments, qui l'a jugé incomplet. « Il y manquait des précisions nécessaires sur les procédures de fabrication et les contrôles qualité du produit » explique la société française dans un communiqué. L'essentiel est préservé, car à priori, l'efficacité du patch développé par DBV n'est pas remise en cause. « La FDA n'a soulevé aucune question de nature médicale ou clinique sur le dossier de Viaskin Peanut » insiste Daniel Tassé, le président de DBV Technologies. La société ne donne pas beaucoup plus de détails sur les raisons qui l'ont poussé à retirer son dossier. Mais elle assure travailler en étroite collaboration avec la FDA, « afin de redéposer un dossier répondant aux attentes le plus rapidement possible», sans préciser quand cela sera effectivement possible.

DBV habitué des gadins boursiers 

Il n'en fallait pas plus pour inquiéter les marchés, qui ont fortement sanctionné la valeur ce jeudi. Le titre a dégringolé de 70% à la bourse de Paris. Si les investisseurs ont longtemps misé sur le potentiel de DBV, ils commencent à émettre de sérieux doutes. Ce n'est d'ailleurs par la première fois que la biotech vit une journée boursière cauchemardesque. En octobre 2017, après la publication de résultats cliniques décevants, elle avait vu sa valorisation fondre en une journée, passant de deux à un milliard de dollars.

La concurrence s’organise

Les investisseurs s'impatientent d'autant plus que la concurrence s'organise sur le marché américain. Aux Etats-Unis, la lutte contre les allergies alimentaires est aujourd'hui considérée comme une "priorité nationale", et de nombreuses entreprises pharmaceutiques se sont lancées sur le marché. L'allergie aux cacahuètes est la plus répandue, elle serait responsable d'une visite aux urgences toutes les trois minutes aux Etats-Unis.

Sur ce segment, Aimmune Therapeutics est sans doute l'adversaire le plus redoutable pour DBV Technologies. Pour lutter contre l'allergie à l'arachide, la biotech américaine a développé un médicament, à prise orale, dont les tests sont jugés très concluants. Contrairement au patch Viaskin Peanut, le médicament d'Aimmune nécessite une importante surveillance et de multiples visites chez l'allergologue. Un traitement plus lourd donc, mais qui risque d'être commercialisé avant celui de DBV Technologies, car Aimmune prévoit de déposer une demande d'enregistrement auprès de la FDA avant la fin de l'année. Cela constituerait, sans aucun doute, un coup dur de plus pour la pépite française.

Justine Vassogne