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Rome lance un plan de sauvetage de la banque Monte dei Paschi

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- - Tizina Fabi - AFP

Quelques heures après l'annonce de l'échec de la recapitalisation par fonds privés de la plus vieille banque du monde, le gouvernement italien a lancé un plan de sauvetage public.

Le gouvernement italien a annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi le lancement d'un plan de sauvetage public non chiffré pour la banque BMPS, qui venait d'échouer à trouver sur les marchés les 5 milliards d'euros nécessaires à sa recapitalisation.

À l'issue d'un conseil des ministres convoqué avant minuit, le gouvernement a approuvé un décret instaurant un plan de secours pour les banques en difficulté, et la BMPS en premier lieu, via un fonds de 20 milliards d'euros alimenté par une augmentation de la dette publique et validé mercredi par le Parlement. Selon le chef du gouvernement, Paolo Gentiloni, ce plan établi en concertation avec les autorités européennes garantit la totalité de l'épargne des particuliers.

Les pires résultats aux stress tests

Le gouvernement n'a pas communiqué les montants de son aide mais le ministre des Finances, Pier Carlo Padoan, a assuré devant la presse qu'ils seraient "suffisants pour combler les besoins définis par le stress test". Dans un communiqué publié peu après, la BPMS a annoncé qu'elle demandait l'activation de ce plan.

Troisième établissement financier italien et plus ancienne banque de la planète, elle est depuis des mois au centre des inquiétudes autour du système bancaire italien, en raison en particulier du poids dans son portefeuille des créances douteuses, des prêts qui ne seront probablement jamais remboursés.

Elle a affiché les pires résultats lors des tests de résistance publiés fin juillet par l'Autorité bancaire européenne (EBA), qui mesurent la capacité d'une banque à résister à des chocs conjoncturels.

Jeudi soir, la BMPS a annoncé l'échec de son pari d'obtenir sur les marchés les 5 milliards d'euros nécessaires à l'augmentation de capital requise avant le 31 décembre par la Banque centrale européenne, faute d'un "investisseur de référence" qui aurait pu motiver les investisseurs institutionnels.

La conversion volontaire d'obligations en actions lui avait pourtant permis de récolter, virtuellement, plus de deux milliards d'euros, qui seront rendus, tout aussi virtuellement, à leurs propriétaires.

Les obligations des particuliers garanties à 100%

Le sauvetage public prévoit un mécanisme de recapitalisation préventive, avec une injection de fonds publics qui nécessite auparavant une mise à contribution des actionnaires et détenteurs d'obligations subordonnées, via une conversion forcée de ces obligations, à 75% de leur valeur pour les obligations souscrites par les clients institutionnels et à 100% pour les particuliers, assure le décret gouvernemental.

Ce décret instaure aussi un mécanisme prévoyant, dans le cas d'une recapitalisation préventive, de compenser les petits épargnants en leur fournissant des obligations non subordonnées en échange des actions obtenues dans la conversion forcée. Un peu plus de 40.000 particuliers détiennent des obligations BMPS et beaucoup les ont souscrites sans en connaître les risques. 

L'an dernier, le sauvetage public de quatre petites banques avait entraîné des pertes lourdes pour quelques milliers de particuliers, provoquant des manifestations en série et au moins un suicide, et le gouvernement voulait éviter la répétition d'un tel scénario.

D. L. avec AFP