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Boeing: une nouvelle semaine de turbulences

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- - Jason Redmond / AFP

L'avionneur américain a traversé une semaine difficile, entre appareils toujours cloués au sol, baisse de production forcée du 737 MAX et refus de réception d'appareils de la part du Pentagone.

La semaine a été compliquée pour Boeing. Après les deux accidents attribués à un système anti-décrochage défectueux, l'avionneur américain a bien du mal à redresser la barre, et se voit contraint de réduire la production de son avion vedette.

Boeing l'a annoncé ce vendredi. Le constructeur va réduire de près de 20% la production de son avion vedette 737 MAX, dont la sécurité est mise en cause. Le constructeur est confronté à un problème de logistique face à l'accumulation d'avions qui sortent des chaînes d'assemblage mais qu'il ne peut pas livrer. La production va donc passer de 52 appareils par mois à 42.

Le géant de l'aéronautique a promis des modifications du système anti-décrochage, le MCAS, accusé d'être à l'origine des deux récents accidents qui ont fait 346 morts. Mais l'autorité de régulation de l'aviation civile, FAA, a rejeté ce lundi une première mouture des modifications. Résultat, il pourrait bien se passer encore plusieurs semaines avant que Boeing ne soit éventuellement autorisé à déployer la nouvelle version.

Une situation compliquée pour l'avionneur qui joue très gros: le 737 MAX représente 85% de son carnet de commandes. Plusieurs milliers d'exemplaires ont déjà été vendus. Ce ralentissement de production pourrait donc coûter cher au géant de l'aéronautique qui n'a pour le moment donné aucune indication sur l'éventuel impact financier.

Des dysfonctionnements dans la certification de l'appareil ?

Dernièrement, les enquêtes officielles et des articles de presse ont montré des dysfonctionnements dans la certification de l'appareil en raison de la relation étroite entre Boeing et de la FAA. Une enquête a d'ailleurs été lancée par le ministère des Transports américain.

Alors pour tenter de restaurer la confiance, le PDG de Boeing, Dennis Muilenburg a annoncé qu'un comité établi par le conseil d'administration et composer d'un certain nombre de ses membres allait passer en revue les procédés de conception et de développement des appareils. Autre tentative pour tenter de convaincre de la sécurité de ses appareils: le PDG de Boeing a lui même volé cette semaine à bord d'un 737 MAX équipé d'un système anti-décrochage MCAS modifié.

Mais la série noire ne s'arrête pas là pour Boeing. Mardi dernier, c'est la compagnie Singapore Airlines qui a donné l'alerte. Elle a annoncé avoir immobilisé deux de ses Boeing 787-10 Dreamliner après avoir constaté un défaut sur leurs moteurs lors d'inspections. Des détériorations sur certaines lames des moteurs Rolls-Royce ont été découvertes.

Le transporteur de la ville-Etat avait été le premier client de ce modèle et avaient mis les premiers appareils en service l'an dernier. Singapour a également été l'un des premiers pays à décider d'interdire le 737 Max de voler dans son espace aérien.

Et c'est également mardi dernier que le Pentagone a annoncé qu'il cessait de réceptionner ses avions ravitailleurs KC-46 pour cause de malfaçons alors que le programme a déjà plus d'un an de retard. Des débris auraient été découverts dans plusieurs appareils lors de leur livraison. La décision d'arrêter la réception du ravitailleur a donc été prise par le Pentagone, estimant que les critères de qualité n'étaient pas respectés.

L'US Air Force avait réceptionné son premier KC-46 en janvier. 7 sont depuis en service. Mais le programme de ces ravitailleurs a accumulé les retards sur le calendrier de livraison. Les surcoûts pour Boeing sont évalués à plus de 3 milliards de dollars. Une note qui risque de s'allonger considérablement avec les mésaventures du 737 MAX.

Sandrine Serais