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Vincent Bolloré met en gage ses actions Vivendi

Le montage mis en place permet à Vincent Bolloré de se protéger contre une chute du cours de l'action Vivendi

Le montage mis en place permet à Vincent Bolloré de se protéger contre une chute du cours de l'action Vivendi - -

L'industriel breton a nanti 60% de ses actions Vivendi pour obtenir un prêt de 567 millions d'euros. Il avait déjà gagé les deux tiers de ses actions Havas.

Mardi 10 septembre, Vincent Bolloré a rappelé dans un communiqué qu'il avait investit "des montants très importants pour devenir le premier actionnaire de Vivendi, avec 5% du capital".

C'est exact: l'industriel breton a apporté ses deux chaînes TNT D8 et D17 en échange de 1,7% du capital de Vivendi. Surtout, il a dépensé 620 millions d'euros en 2011-2012 pour ramasser sur le marché 3,3% du capital, soit un prix moyen de 14,1 euros par action.

Mais ce que l'industriel breton ne dit pas, c'est qu'il a quand même pris quelques précautions au cas où cela tournerait mal...

En effet, il a discrètement gagé 39 millions d'actions Vivendi (soit 2,9% du capital) pour obtenir 567,5 millions d'euros de crédits auprès d'une banque -il s'agirait de HSBC.

Nantissement inhabituel

En pratique, Bolloré a obtenu deux prêts, de respectivement 120 et 447,5 millions d'euros. Ce dernier prêt devra être remboursé au premier semestre 2015, dans des conditions jugées "peu courantes" par les analystes financiers interrogés.

En effet, ce second prêt pourra être remboursé de deux manières: soit en donnant à la banque les actions Vivendi gagées, soit en versant du cash. Toutefois, si Bolloré choisit de rembourser en cash, alors le montant payé ne sera pas le montant emprunté début 2013 (447,5 millions d'euros), mais sera la valeur du paquet d'actions Vivendi dans deux ans.

Autrement dit, ce montage permet à l'industriel breton de se protéger. En effet, si le cours de bourse de Vivendi s'effondre d'ici 2015, alors il pourra garder l'argent et rembourser la banque en actions, et n'aura donc rien perdu. Précisément, 28 millions d'actions ont été gagées dans le second prêt, ce qui correspond à 16 euros par action.

Gage de ses propres actions

Selon Wansquare, Bolloré aurait renoncé à toucher les dividendes des actions gagées durant le prêt -en clair, ces dividendes serviront à payer les intérêts du prêt. Mais l'industriel breton garde la propriété des actions et des droits de vote, ce qui lui sera bien utile pour peser en assemblée générale...

Parallèlement à cette protection, un tel montage offre d'autres avantages. En effet, fournir en garantie un paquet d'actions permet d'obtenir de meilleures conditions, notamment d'emprunter plus d'argent, et à un taux d'intérêt plus bas.

L'industriel breton détient de nombreuses participations dans des sociétés tierces, et a donc souvent recours à ce type de montage. Ainsi, en 2011, il avait gagé les deux tiers de ses actions Havas pour obtenir un prêt de 200 millions d'euros. En 2010, il avait même gagé des actions de son propre groupe en garantie d'un emprunt obligataire de 200 millions d'euros.

Interrogés, les porte-paroles de Bolloré se sont refusés à tout commentaire.

Jamal Henni