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Bonus à 10.000 euros: 1,9 million d'automobilistes concernés mais...

Les premiers bénéficiaires du bonus de 10.000 euros pour échanger sa vieille diesel contre une voiture électrique étaient reçus au ministère du Développement durable ce 2 avril.

Les premiers bénéficiaires du bonus de 10.000 euros pour échanger sa vieille diesel contre une voiture électrique étaient reçus au ministère du Développement durable ce 2 avril. - Nina Godart - BFM Business

Ségolène Royal a remis ce jeudi un "chèque" de 10.000 euros aux 5 premiers acquéreurs d'une voiture électrique depuis le 1er avril. Au total, 1,9 million de particuliers possèdent une voiture diesel leur permettant de profiter de ce super bonus. Mais les experts du ministère pensent que seuls 1% d'entre eux en profiteront.

Super-bonus pour la voiture électrique, phase II. Les premiers Français à en bénéficier étaient reçus, ce jeudi, au ministère du Développement durable, pour se faire remettre par Ségolène Royal, en personne, un chèque symbolique de 10.000 euros. Un montant qui constitue "un effort considérable" a martelé la ministre. Mais combien de Français sont réellement concernés par cette "prime Royal"? Quel en sera le coût pour l'Etat? Et le dispositif est-il prévu pour durer? 

Les véhicules permettant de bénéficier de ce super-bonus sont les voitures à motorisation diesel de plus de quatorze ans -mises en circulation avant le 1er janvier 2001-, en état de marche et toujours sous assurance. Potentiellement, cela concerne 1,9 millions d'automobiles, selon le Comité Français des constructeurs automobiles (CCFA). Soit 10% de la totalité des véhicules diesel en circulation au 1er janvier 2014, évaluée à 19,65 millions par le CCFA dans son dernier rapport sur le parc automobile français.

Sur le papier donc, si les 1,9 million d'automobilistes propriétaires de ces modèles décidaient d'acheter cette année un véhicule électrique, et bénéficiaient ainsi de cette aide de 10.000 euros, il en coûterait 19 milliards d'euros à l'Etat. Soit deux fois les bénéfices du groupe Volkswagen en 2014, le deuxième constructeur automobile mondial! Mais en réalité, la mesure devrait coûter moins de 1% de cette somme. 

Pourquoi si peu d'acheteurs intéressés?

D'abord, tous les automobilistes concernés n'ont pas les moyens d'investir dans un voiture neuve, à fortiori une électrique. Le modèle le moins cher du marché, la Peugeot Ion, coûte tout de même 11.290 euros (super-bonus compris). Par ailleurs, tous n'utilisent pas leur voiture dans des conditions compatibles avec le tout-électrique. Notamment parce que le maillage du territoire avec 7 millions de bornes de recharge, prévu pour 2030, en est à ses balbutiements. Impossible, par exemple, pour quelqu'un qui passe ses journées sur les routes, de s'équiper d'un tel véhicule. Cela fonctionne en revanche pour des gens comme Farouk, l'un des premiers bénéficiaires du dispositif, présent au ministère ce 2 mars. Habitant de Montélimar, il ne roule pas plus de 3.000 kilomètres par an, seulement pour aller chercher ses enfants à l'école et faire ses courses. Ou Sébastien, venu représenter sa mère qui vit sur l'Île d'Yeu, un morceau de terre de 23 km2 où le trafic automobile est très réglementé.

L'Etat table sur une dépense de 200 millions

C'est pourquoi les services du ministère anticipent plutôt un doublement du marché de l'électrique, qui passerait de 10.000 véhicules zéro émission vendus en 2014 à 20.000 en 2015. Si leurs prévisions sont exactes, la mesure coûterait - si toutes les ventes sont accompagnées d'un super bonus - 200 millions d'euros maximum pour l'année 2015.

Les constructeurs automobiles, eux, comptent bien profiter de cet exceptionnel coup de pouce de l'Etat avec des offres commerciales adaptées aux petits budgets. Renault a ainsi d'ores et déjà mis en place un tarif de location longue durée à 99 euros par mois sans apport. Un tarif identique à celui que propose Peugeot pour sa Ion. Et pour convaincre les hésitants, la marque au lion offre en plus un vélo à assistance électrique, d'une valeur de 1.149 euros, au 150 premiers clients.

Et que se passera-t-il les années suivantes? Le dispositif sera-t-il pérennisé après 2015? L'entourage de Ségolène Royal évoque des discussions à ce sujet à l'automne, dans le cadre de la préparation du budget 2016. Tout dépendra des retours d'expérience de 2015.

Nina Godart
https://twitter.com/ninagodart Nina Godart Journaliste BFM Éco