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Bouygues exclut une alliance entre Alstom et Bombardier

Martin Bouygues exclut une alliance entre Alstom et Bombardier pour le moment.

Martin Bouygues exclut une alliance entre Alstom et Bombardier pour le moment. - ERIC GAILLARD / POOL / AFP

Le premier actionnaire d’Alstom refuse d’envisager toute nouvelle alliance tant que les règles de la concurrence n’auront pas été revues par Bruxelles. Il espère récupérer un important dividende malgré l’échec du rapprochement avec Siemens.

On n’avait pas vu Martin Bouygues fâché à ce point depuis longtemps. La dernière fois, c’était en 2012 lors de l’arrivée de Free sur le marché du mobile. Le PDG du groupe Bouygues pestait contre le régulateur des télécoms de l'époque, Jean-Ludovic Silicani, qui lui avait imposé un quatrième opérateur. Cette fois, il monte au créneau contre un autre régulateur : Bruxelles. Ce jeudi matin, Martin Bouygues était très remonté contre la Commission européenne et surtout la commissaire à la Concurrence. Margrethe Vestager vient de rejeter la fusion entre Siemens et Alstom, dont Bouygues détient 28%.

« L’Union européenne a choisi le pari perdant-perdant, a-t-il déclaré lors de la présentation des résultats annuels 2018. Ne pas tenir compte de ce qu’il se passe en Chine est étrange ». Alstom a martelé pendant plusieurs mois que son mariage avec Siemens permettrait de résister à l’essor de leur concurrent chinois CRRC. Mais la Commission européenne a conclu que CRRC n’était pas encore présent en Europe, pour justifier en partie son veto au rapprochement des deux entreprises.

Un "traumatisme" pour Alstom

Mais après un round de réponses contenues, Martin Bouygues a laissé transparaître sa colère. « Nous mettons en place la destruction de l’industrie européenne » a-t-il critiqué. Il a fustigé les fonctionnaires, certes « respectables », de la commission européenne qui « ne connaissent pas le monde de l’entreprise ». Et déploré que cette période d’incertitude, entre l’annonce de l’opération et la décision de Bruxelles, soient dommageables. « C’est un traumatisme pour Alstom qui a été une entreprise 'en l’air' pendant 18 mois, a-t-il ajouté. Pendant ce temps-là, Alstom perdait des clients sur les contrats en cours ».

Les minutes et les questions passant, Martin Bouygues s’est littéralement emporté. Quant à l’hypothèse d’une alliance avec le Canadien Bombardier -déjà étudiée au printemps 2017-, il l’a balayée d’un revers de main. « Je vois mal qui que ce soit retourner voir la Commission européenne après ce qu’il vient de se passer, a-t-il tranché sans sourciller. Les conditions ne sont absolument pas réunies tant que la Commission restera sur cette position ». Martin Bouygues a salué la volonté du ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, de vouloir revoir en profondeur les règles du droit de la Concurrence en Europe.

Bouygues veut récupérer ses dividendes perdus

Pour le moment, le groupe Bouygues va conserver sa participation de 28% dans Alstom et ses deux sièges au conseil d’administration. « On va assumer ce rôle » a déclaré le directeur général délégué, Philippe Marien, alors que Bouygues souhaitait profiter de la fusion avec Siemens pour sortir définitivement du capital d’Alstom. Le groupe doit surtout renoncer à toucher les 500 millions d’euros de dividendes promis par le fabricant de trains s’il s’était marié avec Siemens. Bouygues espère se rattraper d’ici l’été prochain en récupérant une partie de la montagne de cash dont dispose Alstom.

L’an passé, l’entreprise a engrangé 2,6 milliards d’euros en vendant à General Electric des participations résiduelles dans des coentreprises du secteur de l’énergie. Une opération qui soldait le mariage avec General Electric, en 2015. Bouygues espère qu’une grande partie de ces fonds seront redistribués aux actionnaires. Ses deux administrateurs, dont Philippe Marien, plaideront en ce sens. Le groupe familial espère qu’Alstom reversera 1,8 milliard d’euros à ses actionnaires. Dans ce cas, Bouygues récupérerait les 500 millions d’euros qu’il aurait dû toucher dans le cadre du rapprochement entre Alstom et Siemens. Une décision sera prise d’ici l’assemblée générale d’Alstom le 10 juillet.