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Bpifrance va aider les PME à faire des acquisitions

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- - Eirc PIERMONT/AFP

C'est la solution qui pourrait enfin permettre aux PME françaises de grossir.

Cette fois en tous cas, Bpifrance va droit au but : la banque publique vient de créer un fonds, baptisé Build-up international, et doté de 200 millions d'euros pour aider les PME à faire des acquisitions. La particularité de ce fonds : Bpifrance ne prendra pas de participation dans la PME mais viendra investir directement en capital dans l'entreprise rachetée, pour des montants compris entre 3 et 30 millions d'euros. "On perd ou on gagne ensemble", explique Guillaume Mortelier, le directeur du fonds.

Sa cible : des entreprises familiales et des coopératives

Ce dispositif vise en priorité des entreprises familiales et des coopératives, qui réalisent entre 20 millions et 1,5 milliard d'euros. "Nous voulons soutenir des entreprises qui ont les reins assez solides pour se lancer à l'étranger mais qui ne sont pas suffisamment grosses pour s'en sortir seules", explique le directeur du fonds.

Pour le reste, Bpifrance ne privilégie aucun secteur : industrie, agro-alimentaire, services. Ni aucune zone géographique : ce fonds peut servir à financer des acquisitions en Europe, en Amérique du Nord comme dans les pays émergents. Bpifrance est déjà en discussion avec une quinzaine de PME et plusieurs dossiers devraient aboutir d'ici la fin de l'année. Une même PME pourra d'ailleurs être aidée pour plusieurs acquisitions.

Objectif : lever les freins pour créer un Mittlestand français

"Beaucoup d'entreprises françaises ont tout à gagner en se développant à l'étranger mais elles sont souvent réticentes à ouvrir leur capital, ce qu'on peut tout à fait comprendre", explique le Guillaume Mortelier. Et c'est bien tout l'enjeu de ce dispositif. Tel qu'il est conçu, l'entreprise est assurée de rester majoritaire et de ne pas voir se diluer son capital.

C’est aussi la garantie de ne pas avoir de pression de la part de l'investisseur : "Nous sommes prêt à rester jusqu'à 5 à 8 ans, afin que l'acquisition soit un succès et que les risques soient écartés (...) jusqu'à ce que l'entreprise rachète sa participation si tout se passe bien", explique celui qui est à la tête du projet. Pour la PME enfin, c'est l'assurance de bénéficier de toute l'expertise de Bpifrance. "On est là pour les aider à identifier les cibles, à mener les audits, à les accompagner sur le plan juridique et financier (...) En clair, on est là pour leur éviter de faire des acquisitions malheureuses".

200 millions d'euros... pour l'instant

Ces 200 millions d'euros vont permettre dans un premier temps d'accompagner quinze à vingt PME ou ETI françaises. Cela devrait permettre de racheter pour 500 millions à 1 milliard d'euros d'actifs étrangers au total, si l'on tient compte à la fois de l’argent investi par Bpifrance et par les PME. Si ce fonds est un succès, rien n'exclu de remettre au pot. Surtout, Bpifrance compte sur un effet boule de neige. Comme le résume Guillaume Mortelier, le directeur du fonds : "Nous sommes là pour défricher. Si cela fonctionne, alors les fonds privés seront tentés d'en faire autant et les PME seront moins réticentes".

Caroline MORISSEAU