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Bricorama relance le débat sur le travail le dimanche

Bricorama s'estime victime de concurrence déloyale, d'autres magasins de bricolage ayant le droit d'ouvrir le dimanche.

Bricorama s'estime victime de concurrence déloyale, d'autres magasins de bricolage ayant le droit d'ouvrir le dimanche. - -

La chaîne de magasins a interpellé le président de la République au travers d’une page de publicité dans le Journal du dimanche du 10 septembre. Elle dénonce les injustices de traitement autour du travail dominical.

Bricorama s’estime victime d’une injustice. Jean-Claude Bourrelier, patron de la célèbre chaîne de magasins de bricolage, s’est donc offert une page de publicité dans le JDD du 10 septembre pour exposer ses griefs. " La loi qui régit l'ouverture dominicale des magasins autorise seulement les surfaces d'ameublement et les jardineries à ouvrir le dimanche et exclut les magasins de bricolage".

"Un comble alors que le bricolage est le premier loisir des Français", s’insurge un porte-parole du groupe Bricorama.

Pour l’enseigne, le gouvernement doit se saisir " au plus vite" du dossier de la législation du travail dominical modifiée par une loi d'aôut 2009. Pour aller au-delà des cinq ouvertures autorisées annuellement et mettre fin aux différences de traitement.

D'autres enseignes ont obtenu des dérogations

Diverses dérogations permettent déjà d’assouplir la loi. Ainsi, les magasins situés dans les zones touristiques ou en encore dans les zones dite PUCE (Périmètres urbains de consommation exceptionnelle), définis par arrêté préfectoral, peuvent ouvrir le dimanche.

Mais aucun des magasins du groupe Bricorama n’est situé dans ces zones. " Nous avons pourtant fait les demandes nécessaires dans les 33 PUCE créées, mais aucune n’a été retenu. Alors que d’autres enseignes, situées à 200 ou 300 mètres de nos magasins, ont obtenu leur classement ", dénonce le porte-parole de Bricorama.

Au final, il s’agit pour lui d’un " cas de concurrence déloyale manifeste" puisque les enseignes comme Leroy Merlin et Castorama n’ont eu aucune difficulté à entrer dans ces zones.

Près de 20 millions d'amende

Malgré tout, l’enseigne de bricolage s’est affranchi de la loi, et a ouvert ses magasins le dimanche depuis la création des PUCE en 2009. La sanction n’est pas venue de l’Etat, mais du syndicat FO, qui a porté plainte.

En janvier dernier, Bricorama a été condamné à verser une amende de 19,5 millions d’euros, soit presque l’équivalent de son résultat annuel net. L’enseigne a fait appel et connaîtra la décision du juge le 14 septembre.

Pour Bricorama, il y a donc urgence à obtenir un aménagement de la loi. En ces temps de contraction du marché de l’emploi, elle ne manque pas de rappeler que la fermeture définitive de ses magasins entraînerait la destruction de 500 postes.

L’enseigne promet un lobbying auprès des parlementaires dans les jours prochains, au travers d’actions coup de poing. Ce qui ne l’empêche pas d’utiliser une voie de réclamation plus classique :"certains députés sont de notre côté, et une question écrite va être prochainement posée à l’Assemblée nationale pour obtenir des éclaircissements de la part du gouvernement", promet le porte-parole.

Le titre de l'encadré ici

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Les PUCE en détail :

Pour les villes de Paris, Lille et Aix-Marseille, la loi a prévu les "périmètres d’usage de consommation exceptionnel" (PUCE), périmètres où travailler le dimanche doit se faire sur la base du volontariat et de contreparties (repos compensateurs et doublement du salaire).

Depuis 2009, 33 PUCE ont été créées. Elles regrouperaient environ 1 000 établissements et de 9 000 à 10 000 salariés.

Coralie Cathelinais