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Bruno Bonnell : « en robotique, la France peut faire partie des nations majeures »

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- - FRANCOIS GUILLOT / AFP

Le SIDO, salon sur l’Internet des objets, l’Intelligence artificielle et la robotique entame sa 5ème édition ce mercredi à Lyon. L’occasion pour le député (LREM) et entrepreneur Bruno Bonnell de présenter un rapport sur la robotique en France. Entretien.

Malgré une excellente R&D et quelques pépites, la France peine à devenir un acteur majeur de la robotique. Comment expliquer cette situation ?

Bruno Bonnell : C’est vrai que la France est classée 18ème mondial en terme de densité robotique avec 132 robots pour 10 000 ouvriers contre 631 pour la Corée du Sud et 309 pour l’Allemagne. Mais il ne faut surtout pas baisser les bras. La France peut faire partie des nations majeures comme elle l’est devenue dans le domaine des logiciels. Le problème, c’est que la politique publique de soutien est justement calquée sur celle des startups du logiciel : on finance de l’innovation de départ, l’exécution d’un prototype mais on ne va pas plus loin. Dans la robotique, le goulot d’étranglement majeur est le passage industriel. Pour les aider, il faut donc leur trouver des commandes, cela peut passer par le suramortissement ou, pourquoi pas des commandes d’Etat. Mais il faut aussi former ces entreprises de prototypes à devenir de véritables entreprises industrielles.

Ne faut-il pas un grand plan d’investissement public ?

L’intervention de l’Etat n’est pas une question de subventions. Regardez, nous avons un plan sur l’intelligence artificielle à 1,5 milliard d’euros... C’est ce que dépensent Google et Amazon en une semaine sur ce domaine. Ce n’est même pas la peine de rentrer dans cette compétition. Nous devons être plus malins car ne sommes pas en retard sur la technologie robotique. Il faut aller dans des territoires inattendus. Peut-être que la France sera bonne dans la robotique maritime. Dans l’agriculture, la France a aussi une carte à jouer.

N’est-pas aussi un problème de culture ?

Il faut une acculturation générale de la population à la robotique. On a été nourri de fantasmes sur le danger des robots notamment sur le fait que ça allait voler des emplois. Mais ça n’a rien à voir avec la réalité ! Il faut continuer à avoir des salons robotiques comme le SIDO de Lyon. Mais il faut aussi une volonté politique. Le risque de la robotique est similaire à celui de l’intelligence artificielle : c’est le ‘buzz word’. Au-delà d’une mode, le gouvernent doit s’en emparer car c’est un élément transformateur fondamental du 21ème siècle.

Thomas LEROY