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Bruxelles confirme une "enquête approfondie" sur le rachat des Chantiers de l'Atlantique

Les chantiers navals STX France vont une nouvelle fois construire l'un des paquebots de MSC Croisières (image d'illustration)

Les chantiers navals STX France vont une nouvelle fois construire l'un des paquebots de MSC Croisières (image d'illustration) - Loïc Venance - AFP

La Commission européenne craint que cette opération réduise la concurrence dans le secteur de la construction navale de croisière.

Comme prévu, le rachat des Chantiers de l'Atlantique (ex-STX France) par le groupe italien Fincantieri va faire l'objet d'une enquête approfondie de la part de la Commission européenne. Elle devra être achevée au plus tard le 17 mars prochain.

"Nous allons examiner scrupuleusement si l'opération envisagée est susceptible d'avoir une incidence négative sur la concurrence dans le domaine de la construction de navires de croisière, au détriment des millions d'Européens qui partent en vacances de croisière chaque année", a déclaré la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager.

"La Commission a conclu, à titre préliminaire, qu'il était peu vraisemblable qu'une entrée sur le marché survienne en temps utile et de manière crédible pour compenser les éventuels effets négatifs de l'opération. Par conséquent, l'opération est susceptible de réduire de manière significative la concurrence sur le marché de la construction navale de croisière, ce qui pourrait entraîner une hausse des prix, une réduction du choix et une moindre incitation à l'innovation", peut-on lire dans le communiqué.

Effets négatifs

"La Commission a également conclu, à titre préliminaire, que les gros clients ne disposeraient pas d'une puissance d'achat suffisante pour parer à tout risque d'augmentation des prix qui résulterait de l'opération".

Suite à cette annonce, le gouvernement français a rappelé que la France "reste très attachée" au rachat des Chantiers de l'Atlantique par Fincantieri. 

"Nous sommes convaincus que la consolidation du secteur de la construction navale européenne est indispensable pour renforcer sa compétitivité et pour dégager les ressources nécessaires qui financeront l'innovation face aux concurrents, notamment chinois, dont l'arrivée sur le marché est une réalité", a indiqué le ministère de l'Economie dans une déclaration aux médias.

Rappelons que l'enquête préliminaire ouverte en janvier dernier a été initiée par une requête des autorités de la Concurrence de la France et de l'Allemagne, qui ont décidé de saisir la Commission, estimant que cette opération menacerait d'affecter de façon importante la concurrence dans leurs pays respectifs.

"Sur la base des éléments fournis par ces deux pays" et sans préjuger "de l'issue de son enquête exhaustive", la Commission considérait alors que "l'opération pourrait nuire de manière significative à la concurrence en matière de construction navale, en particulier sur le marché mondial des bateaux de croisière", expliquait la Commission.

La reprise des Chantiers de l'Atlantique par le groupe italien avait été annoncée en septembre 2017. L'accord conclu alors prévoyait que le groupe transalpin détiendrait 50% du capital, plus 1% supplémentaire prêté par l'Etat français.

Ce feuilleton avait commencé en 2016 lorsque STX France, alors seule unité rentable de STX Offshore & Shipbuilding, avait été mis en vente pour cause de redressement judiciaire.

Fincantieri, contrôlé par l'Etat italien et seul candidat à la reprise, avait alors obtenu le feu vert du gouvernement de François Hollande. Mais Emmanuel Macron, fraîchement élu président de la République, avait demandé en mai 2017 à revoir la participation française à la hausse, visant une répartition à parts égales.

Cette proposition avait été rejetée par Rome - les Italiens insistant pour détenir 51% du capital et le contrôle du conseil d'administration -, avant que les deux pays ne trouvent un compromis en septembre 2017.

Olivier Chicheportiche