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Bruxelles enquête sur l'acquisition de Syngenta par ChemChina

L'enquête ouverte par la Commission européenne doit définir si l'opération de rachat est susceptible de réduire la concurrence.

L'enquête ouverte par la Commission européenne doit définir si l'opération de rachat est susceptible de réduire la concurrence. - Fabrice Coffrini - AFP

La Commission européenne a annoncé ce vendredi l'ouverture d'une "enquête approfondie" sur le projet d'acquisition de l'agrochimiste suisse Syngenta par le géant chinois de la chimie ChemChina.

L'enquête ouverte par Bruxelles doit déterminer si le rapprochement entre Syngenta et ChemChina "est susceptible de réduire la concurrence dans les secteurs des produits phytosanitaires et de la fourniture de certains intrants chimiques", selon un communiqué.

ChemChina avait dévoilé en février une offre de 43 milliards de dollars (37,9 milliards d'euros) sur l'agrochimiste suisse. Ce qui serait la plus grosse acquisition jamais réalisée par un groupe chinois à l'étranger.

Cette transaction est non seulement complexe en raison de sa taille, mais intervient de surcroît alors que le secteur est en pleine phase de consolidation entre le projet de fusion des américains Dow Chemicals et DuPont -sur lequel la Commission a également ouvert une enquête- et la récente offre de l'allemand Bayer sur Monsanto.

"Nous devons soigneusement examiner si le projet de concentration est susceptible d'entraîner une hausse des prix ou une réduction du choix pour les agriculteurs", précise dans le communiqué la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager. 

Les deux entreprises vont poursuivre leurs discussions 

Syngenta et ChemChina, qui détient l'entreprise israélienne Adama, le plus grand fournisseur de produits phytosanitaires génériques en Europe, possèdent chacun de vastes gammes de produits (herbicides, insecticides, fongicides et régulateurs de la croissance des plantes) "qui se chevauchent partiellement", s'inquiète la Commission. Ces produits sont utilisés dans la culture des céréales, du coton, du maïs, des fruits et légumes, du colza, du soja, de la betterave sucrière ou encore du tournesol. 

"Les entreprises ont l'intention de poursuivre les discussions constructives avec les autorités de l'Union européenne en vue de conclure l'examen dès que possible", a indiqué Syngenta par voie de communiqué. L'entreprise avait annoncé, plus tôt dans la semaine, que le Comité sur les investissements étrangers aux États-Unis ainsi que 11 autorités de la concurrence ont déjà donné leur accord au rachat par ChemChina. Les deux groupes s'attendent à ce que le processus réglementaire se poursuive sur le premier trimestre 2017.

ChemChina, une entreprise étatique en quête de diversification 

ChemChina, un mastodonte à capitaux publics dont la gestion dépend directement du gouvernement central, ne cache pas ses ambitions internationales tous azimuts. L'entreprise a mis la main en 2015 sur le fabricant italien de pneus Pirelli dans une opération valorisée à 7,4 milliards d'euros, avant d'annoncer le rachat de l'allemand KraussMaffei, un emblématique fabricant de machines-outils.

En quête de diversification, ChemChina avait également pris mi-janvier une participation de 12% dans la firme de courtage suisse Mercuria. Mais, selon la presse chinoise, cette société peine à financer le rachat de Syngenta. Pour accroître sa marge de manoeuvre, Pékin serait en train de préparer sa fusion avec un autre géant étatique, Sinochem, ce qui "créerait un super-mastodonte de la chimie", écrit pour sa part Bloomberg.

Cette fusion monumentale, qui bouleverserait le paysage de l'industrie chimique, répondrait néanmoins à la stratégie de Pékin de regrouper et de rationaliser les entreprises publiques, pour les rendre plus rentables et pour enrayer les rivalités des groupes étatiques au sein d'un même secteur. La Commission a maintenant jusqu'au 15 mars 2017 pour rendre sa décision.

A.M. avec AFP